TOULOUSE N'A PAS été choisie au hasard pour l'organisation du séminaire national consacré, à l'initiative de l'Union régionale des médecins libéraux (Urml) de Midi-Pyrénées et sous l'égide de la Conférence nationale des présidents d'Urml au sujet de la permanence des soins (PDS). La région Midi-Pyrénées fait figure de pionnière depuis qu'elle s'est dotée en février dernier d'un centre de régulation régional 100 % libéral : l'Armel (Association de régulation des médecins libéraux).
Ce « call santé » innovant est le seul du genre sur tout le territoire. L'idée d'une telle structure avait germé dès 2002 après qu'une enquête menée par l'Urml Midi-Pyrénées auprès des médecins de la région, eut révélé que 70 % d'entre eux souhaitaient pour la permanence des soins une autre organisation que les maisons médicales de garde et aspiraient à une régulation médicale libérale. Le décret de décembre 2003, faisant une réalité de la séparation de l'AMU (Assistance médicale d'urgence) et de la PDS est passé par là ; et aujourd'hui, l'Armel, en mutualisant les moyens techniques et les personnes sur huit départements concernés (voir encadré), propose en Midi-Pyrénées une régulation 100 % libérale. « Cette réponse, au niveau régional nous a semblé la mieux adaptée pour assurer la continuité des soins », se félicite Bernard Gasc, généraliste à Toulouse et président de l'Armel.
Une nécessaire homogénéisation.
Au niveau national les médecins libéraux ont bien conscience qu'ils doivent se prendre en main pour homogénéiser les choses. Car les horaires et les modes de fonctionnement des centres de régulation font toujours débat. Si quelques expériences fonctionnent dans différentes régions - le Nord - Pas-de-Calais, l'Aquitaine, la Lorraine -, la régulation y prend des formes différentes selon le degré de collaboration avec les médecins urgentistes (mutualisation de locaux, de matériels). « L'appel à nous organiser entre nous a été clairement formulée par Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'Assurance-Maladie. Notre mission, pendant ces deux jours, était donc de décloisonner les différents types de médecine et de poser des jalons pour régler de façon professionnelle ce débat sur la tranche horaire minuit-8 heures », confie le Dr Pierre Monod, président de la Conférence nationale des présidents d'Urml.
En effet, la circulaire de 2003, qui mettait en œuvre la participation des médecins libéraux à la régulation médicale des appels dans une tranche horaire allant de 20 heures à 8 heures, précisait que selon les départements, la régulation entre minuit et 8 heures pourrait être assurée par le Samu. Un flou qui donne lieu aujourd'hui à des disparités importantes.
Au terme des deux jours de débats, les différents acteurs de la PDS ont arrêté trois axes de réflexion (voir encadré). En particulier, l'idée de préciser quelle visite à domicile est inévitable est venue de ce que, dans tous les centres de régulation les chiffres sont éloquents : le nombre de visites systématiques à la suite d'un appel du patient chute, et la visite est remplacée par un conseil téléphonique. A l'Armel, par exemple, 46 % des appels donnent lieu à un conseil contre 39 % à une visite. Par ailleurs, Pierre Monod s'est félicité du projet d'établir « une grille d'évaluation des différentes formules existantes, à savoir les centres 15, les centres mixtes et de régulation libérale ». Tandis que le Pr Marc Giroud, président de Samu de France, a déclaré qu'il « interpellerait les services publics pour que, seuls les centres d'appels dans lesquels urgentistes et libéraux travaillent ensembles, soient financés ».
L'Armel en chiffres
- Principe : n'importe quel généraliste de garde dans n'importe quel département de Midi-Pyrénées peut faire un transfert d'appel vers l'Armel, contre 20 euros par mois. L'appel est pris en charge par des permanenciers et relayés par des médecins régulateurs formés et expérimentés. Tout médecin régulé reçoit une information à propos d'une intervention effectuée sur l'un de ses patients.
- 1 100 médecins (sur 3 000) bénéficient déjà de ce service.
- 12 000 appels ont été reçus par l'Armel en novembre 2004.
- 46 % des appels donnent lieu à un conseil médical, 39 % à un conseil.
- Budget : 625 000 euros pour deux ans, financés par le Faqsv (Fonds d'aide à la qualité des soins de ville).
L'Armel fonctionne de 19 heures à 8 heures et les week-ends.
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