IMAGERIE MÉDICALE à l’appui, il est acquis aujourd’hui que certaines structures cérébrales, telles que l’hippocampe, l’amygdale et le cortex préfrontale sont altérées durant un épisode dépressif. Il faut savoir que chez les personnes âgées dépressives, les altérations de l’hippocampe sont plus importantes que chez les sujets âgés sains et que, par ailleurs, les sujets âgés ayant présenté au cours de leur vie des épisodes dépressifs ont plus de risque de développer une maladie d’Alzheimer. Selon le Pr Ph. Robert, les dépressions à début tardif semblent avoir différentes origines, notamment l’impact des facteurs vasculaires et la perturbation de la neuroplasticité ; étant donné l’importance de prendre en compte, chez les patients âgés, les effets neuroprotecteurs d’un traitement antidépresseur à vie, tout comme le risque d’interactions médicamenteuses, la tianeptine semble particulièrement indiquée.
On reconnaît aussi désormais que les états dépressifs revêtent une multitude de tableaux cliniques et on retrouve aussi une hétérogénéité dans la réponse aux traitements. Les données de la littérature rapportent que la dépression bipolaire est souvent aggravée par le traitement antidépresseur au long cours (déclenchant une instabilité émotionnelle avec une forte irritabilité), mais peut être améliorée par les antipsychotiques atypiques.
Un nouvel outil, l’échelle Mathys.
Selon le Dr Ch. Henry, pour avoir une meilleure adéquation entre la clinique et la thérapeutique, il faudrait mieux comprendre les dysfonctionnements des différents systèmes neurobiologiques impliqués dans la régulation de la réactivité émotionnelle. Ses travaux pourraient aider le clinicien dans le choix thérapeutique, grâce à l’élaboration d’un nouvel outil, l’échelle Mathys (évaluant la réactivité émotionnelle, la cognition, la motivation, la motricité et la sensorialité), qui a permis de mettre en évidence deux grands types de dépression bipolaire : dépressions hyporéactives (score caractérisé par une inhibition dans toutes les dimensions) et dépressions hyper-réactives (états émotionnels forts et labiles, agitation fébrile, syndrome du cerveau sans repos, hyper-réactivité sensorielle). Ces deux types peuvent être présentés par le même sujet, toutefois, il existe des profils. Une étude préliminaire du Dr Henry suggère l’intérêt d’associer aux thymorégulateurs des antidépresseurs dans les dépressions hyporéactives et des antipsychotiques dans les dépressions hyper-réactives et dans les états mixtes.
Les effets de la tianeptine.
Concernant l’impact de certains traitements psychotropes sur la neuroplasticité, les travaux menés depuis plus de dix ans montrent que la tianeptine permet une augmentation de la densité neuronale dans certaines régions hippocampiques. C’est d’ailleurs à partir de l’étude de ce médicament que les travaux portant sur les effets d’autres thérapeutiques antidépressives sur la plasticité cérébrale ont également été effectués. «Si tous les antidépresseurs semblent induire une neurogenèse via l’augmentation de la concentration de certains facteurs de croissance (Bdnf), la tianeptine se singularise par son action sur la voie glutaminergique (effets proches de ceux du lithium) et sur des réseaux neuronaux altérés par le stress du fait de l’induction du remodelage dendritique. Cela aussi bien au niveau hippocampique qu’au niveau de l’amygdale et du cortex préfrontal», indique le Pr F.-J. Baylé.
Cela éclaire d’un regard nouveau l’efficacité clinique de la tianeptine à court comme à long terme, avec un moindre risque de rechutes et de récidives : à dix-huit mois, le taux est de 16 % contre 36 % dans le groupe placebo, avec l’amélioration des performances intellectuelles et des fonctions mnésiques.
D’après les communications des Prs Ch. S. Peretti (Paris), Ph. Robert (Nice), F.-J. Baylé (Paris) et le Dr Ch. Henry (Bordeaux), lors du symposium organisé par Ardix médical, dans le cadre du 5e Congrès de l’encéphale.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature