L'équipe de virologues de l'université de Francfort a proposé d'évaluer in vitro l'activité de cinq molécules antivirales - la ribavirine, la 6-azauridine, la pyrazofurine, l'acide mycophenolique et la glycyrrhizine - sur deux souches de coronavirus à l'origine du SRAS isolées en Allemagne. Les chercheurs ont apprécié le potentiel cytopathogénique de ces médicaments dans les 72 à 96 heures après la mise en contact avec une lignée cellulaire infectée.
L'utilisation des deux inhibiteurs de l'inosine monophosphatase deshydrogénase, la ribavirine et l'acide mycophénolique, n'a pas produit d'effet sur la multiplication du coronavirus. Celle des deux inhibiteurs de l'orotine monophosphatase décarboxylase, la 6-azauridine et la pyrazofurine, a permis une inhibition de la réplication du coronavirus à des doses médicamenteuses non toxiques avec des indices d'affinité respectifs de 5 et 12. « Mais le plus efficace des antiviraux testés in vitro sur des cultures cellulaires est la glycyrrhizine, dont l'index de sélectivité a été évalué à 67 », exposent les auteurs.
La multiplication virale
Outre son effet sur la multiplication virale, la glycyrrhizine est dotée de propriétés inhibitrices de l'adsorption et de la pénétration du virus dans la cellule (deux étapes précoces du cycle de la réplication cellulaire). C'est lorsqu'elle est donnée conjointement lors de la phase d'absorption et dans ses suites immédiates que la glycyrrhizine s'est révélée la plus efficace.
Le mécanisme d'action de cette molécule sur le coranavirus reste imparfaitement compris. Le Dr J. Cinati avance néanmoins certaines hypothèses. La glycyrrhizine pourrait interagir avec les mécanismes de signalisation intracellulaire par le biais de la protéine kinase C, de la caséine kinase II et de certains facteurs de transcription tels que l'activateur de la protéine 1 et le facteur nucléaire kappa B. En outre, ce médicament et son métabolite aglycone, l'acide glyccheretinique 18 bêta, pourraient majorer l'expression de l'oxyde nitrique synthétase et la production de NO par les macrophages. Le travail des chercheurs de Hambourg a d'ailleurs permis de confirmer que le dérivé de la réglisse induit une majoration de la synthèse de NO et que la réplication virale peut être inhibée lorsqu'un donneur de NO est ajouté au milieu de culture.
Pour le Dr Cinati, « le risque d'effet indésirables lié à l'utilisation de glycyrrhizine devrait être limité par la courte durée du traitement chez les patients atteints de SRAS et ce traitement devrait être testé in vivo ».
« The Lancet », vol. 361, pp. 2045-2046, 14 juin 2003.
D'autres virus dans le collimateur
La glycyrrhizine, principe actif de la réglisse, est plus connue pour ses propriétés hypertensives et hypokaliémiantes que pour son action thérapeutique. Pourtant, dès 1987, des chercheurs japonais se sont intéressés à cette molécule et ont étudié ses propriétés antivirales.
C'est d'abord chez les patients atteints d'hépatite chronique, en rapport avec une infection par le VHC, que la glycyrrhizine a été testée avec des résultats encourageants. Chez les patients souffrant d'infection par le VIH traités par cette molécule, on assiste à une baisse de la concentration antigénique de l'antigène P24 qui pourrait être liée à une production accrue de chemokines. L'utilisation à long terme de ce traitement s'est accompagnée, chez certains patients, de l'apparition d'effets indésirables : hypertension ou hypokaliémie.
« Antiviral Res. » 1987 mar ; 7(3) : 127-37.
« Nippon Rinsho. » 1988 déc ; 46(12) : 2681-8.
L'OMS préoccupée par Toronto
L'OMS se déclare préoccupée par la résurgence de cas de SRAS à Toronto depuis la fin du mois de mai 2003. Cette ville avait pourtant fait l'objet, le 14 mai, d'une avis favorable de déclassement comme zone à risque par l'Institution internationale, qui a été depuis été contrainte de revenir sur sa décision. Depuis le 26 mai 2003, 90 nouveaux cas de SRAS ont été recensés dans la province de l'Ontario. Il semblerait que cette nouvelle vague épidémique soit liée à la présence d'un patient dans un hôpital de la banlieue est de Toronto. Néanmoins, un lien épidémiologique entre tous les cas survenus reste difficile à établir. Le 8 juin, 15 patients dialysés au sein du même centre ont présenté des signes de difficulté respiratoire dans un contexte fébrile évoquant fortement une infection par un coronavirus.
Gro Harlem Brundtland, directeure général sortant de l'OMS a estimé que « bien que le nombre de nouveaux cas diminue chaque jour, il est très important que les Etats restent sur leur gardes et qu'ils ne relâchent pas leurs mesures du prévention ».
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