Le Conseil d’État chinois a présenté le 22 juillet 2009 l’essentiel de la réforme du système de santé national, dont les carences et dysfonctionnements sont nombreux. Celle-ci sera progressivement mise en place jusqu’en 2011, et doit permettre d’atteindre d’ambitieux objectifs de santé publique à l’horizon 2020. 800 milliards de yuan renminbi (soit environ 124 milliards de dollars) seront consacrés au financement de cette réforme inédite par son ampleur dans ce pays de 1,35 milliards d’habitants.
Un système insuffisant et mal aimé
La Chine consacre moins de 6 % de son PIB à la santé publique, là où la France en alloue 11 % et les États-Unis d’Amérique 16 %.
L’accès aux soins, bien que rudimentaire, était gratuit avant 1978. Les crédits du gouvernement dédiés à la santé diminuant drastiquement dès le début des années quatre-vingt, les hôpitaux publics (représentant 90 % des établissements) adoptent alors une logique privée, avec des dépenses de santé largement reportées sur le patient. Ainsi, si l’offre de soin est à prédominance publique, sa logique de fonctionnement relève aujourd’hui du privé, et le système est très inégalitaire : 80 % des habitants en milieu rural souffrant d’une pathologie n’ont pas accès à un établissement public de santé, en raison du coût et de l’éloignement d’une telle structure.
Une réforme consacrant le retour de l’État
Les autorités chinoises souhaitent par cette révision de la copie sanitaire nationale atteindre trois objectifs majeurs : l’établissement d’une santé publique plus large (en termes d’offre de soins et de couverture médicale), moins coûteuse (nouveau management hospitalier) et de meilleure qualité. Des objectifs concrets d’élargissement de l’accès aux soins et de l’amélioration du fonctionnement du système de santé chinois sont formulés pour 2020, afin de placer la Chine en pole position de la très compétitive classe des économies émergentes en termes de santé publique.
En dehors de la mise en place d’une couverture médicale minimale universelle, le management des hôpitaux publics devrait être revu en profondeur. Environ 6 000 nouveaux établissements publics de santé devraient être construits (dont 3 500 hôpitaux de ville), permettant une délocalisation de l’offre de soins des hôpitaux spécialisés vers les hôpitaux communautaires. Dans le même sens, plus d’un million de professionnels de santé vont être formés. La gestion des établissements publics de santé devrait être confiée aux administrations locales, ce qui permettra d’adapter leurs caractéristiques au territoire local.
Tous les éléments constitutifs de la réforme ne sont pas encore définis, celle-ci se construisant au fur et à mesure de sa mise en application, et étant élaborée de manière très décentralisée. La Chine souhaite par cette réforme rattraper un retard causé par plusieurs années de sous-investissement dans la santé publique par rapport aux autres économies émergentes (l’espérance de vie en Chine est aujourd’hui estimée à 71 ans, la même qu’au Sri Lanka). Mais de nombreuses questions restent en suspens, notamment relatives à la protection de l’innovation et de la propriété intellectuelle, ou encore à l’égalité d’accès au marché entre entreprises chinoises et étrangères.
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