LES REGARDS PORTÉS sur la coordination des soins entre le service public et l'exercice libéral divergent selon que l'on est syndicaliste, médecin, représentant hospitalier, de l'assurance-maladie, des mutuelles ou du ministère de la Santé. Invités à se prononcer sur la question lors du Forum Economie Santé organisé à Paris par « les Echos » et « le Quotidien du Médecin », les acteurs du milieu médical ont dressé un bilan mitigé de la réforme de l'assurance-maladie de 2004. «Le système de soins fonctionne en tuyaux d'orgues, déplore Gaby Bonnand, secrétaire national de la CFDT. L'assurance-maladie s'occupe de la médecine libérale, l'Etat de l'hôpital et les conseils généraux du médico-social. Nous aurions besoin d'un pilotage commun et que soient enfin fixées des priorités de santé publique. Une réforme de la gouvernance est nécessaire. »
Pour accroître l'efficience de l'ensemble des acteurs, «il faut vraisemblablement clarifier les obligations de chacun, reconnaît Frédéric Van Roekeghem, directeur de l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam). Mais il serait souhaitable que ces ajustements s'effectuent au niveau national plutôt que régional». Le Dr Michel Chassang se veut plus optimiste : «La réforme de 2004 est imparfaite, mais elle a le mérite d'exister en instaurant le parcours de soins autour du médecin traitant, mais le problème est qu'il s'arrête aux portes de l'hôpital». Selon le président de la CSMF, l'évolution de l'offre de soins, pour l'heure exclusivement centrée sur la médecine libérale – les amendements sur la liberté d'installation retirés in extremis du PLFSS le prouvent.
Des efforts à faire.
Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Claude Evin, déplore également l'absence d'un pilotage du système de soins qui permette d'en avoir une vision globale. «Quelle que soit la forme des futures agences régionales de la santé (ARS), il faudra pouvoir mettre sur la table l'ensemble des sujets. » Comme celui de la rémunération qui amène des praticiens à s'orienter vers le secteur privé, deux à trois fois plus attractif que l'hôpital public. Selon Daniel Lenoir, directeur général de la Mutualité française, rien qui pourrait faciliter la coordination des soins n'a été mis en place depuis la réforme de 2004. «Le dossier médical personnel (DMP) ne verra pas le jour avant 10ans, la permanence des soins est très mal organisée, l'accès aux soins dans certaines zones est très difficile... Les choses avancent à une vitesse infinitésimale depuis la réforme de 2004. »«Nous avons tous des efforts à faire, confesse Annie Podeur, directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS). Nous savons par exemple que la permanence des soins ne peut pas reposer sur les seuls praticiens hospitaliers. Elle doit être assurée en ville; c'est un service que nous devons à la population. Il nous faudra voir comment mettre en place un service public de permanence des soins. » Beaucoup d'autres réformes et de la pédagogie seront nécessaires, semble-t-il, pour améliorer la coordination entre les secteurs public et privé.
> CHRISTOPHE GATTUSO
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