Souvenez-vous du plan Juppé, des mesures écrasantes prises contre les médecins, d'un état d'esprit tellement hostile au corps médical qu'il avait pratiquement mobilisé contre lui toute la force du pouvoir politique. La profession était d'autant plus accablée que le candidat Chirac à l'élection présidentielle de 1995 s'était présenté comme l'allié naturel des professionnels de santé.
Il ne reste aucune séquelle aujourd'hui de cette crise historique entre le président de la République et le monde médical. En effet, M. Chirac lui-même, puis Jean-François Mattei, ont pris, avant la présidentielle, des engagements en faveur des médecins. Et les ont tenus, ce qui est encore plus rare. Pour autant que les professionnels de santé l'intéressent, la gauche a commis l'erreur d'avoir appliqué et amplifié les effets du plan Juppé, en ajoutant à sa vision disciplinaire du système de soins ce refus permanent de dialoguer avec les médecins libéraux. Aussi bien les praticiens, peu sensibles aux chimères de l'extrémisme, n'avaient-ils pas le choix lorsqu'ils ont exigé des actes politiques propres à leur donner satisfaction. Il y a eu un moment, dans le déroulement de la crise, où les discussions avec la CNAM n'avaient plus aucun sens. Il leur fallait donc s'adresser au pouvoir pour en exiger et obtenir une décision politique. Se retourner vers celui et ceux qui, il y a six ans, ont donné un coup de massue au corps médical ne serait illogique que si, entre-temps, ils n'avaient pas fait amende honorable et ajouté des décisions concrètes à leurs regrets.
Selon le sondage que nous avons publié hier, les médecins ne se préoccupent pas seulement du C à 20 euros, mais de l'équilibre et de la qualité du système de soins. Ils ont donc raison d'accorder plus d'importance aux espoirs de l'avenir qu'aux rancœurs héritées du passé. Ils jugent aujourd'hui que la droite classique a tiré la leçon du plan Juppé. Ils la croient plus à même que la gauche de maintenir un système de santé performant. A elle, si elle remporte les législatives, de ne pas les décevoir.
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