Stents, valves percutanées, cœur artificiel, etc. Depuis plusieurs années, les progrès en cardiologie ont souvent rimé avec artillerie lourde. Mais, à l’avenir, les avancées pourraient aussi venir de la recherche fondamentale comme en témoignent les travaux présentés lors du récent « Printemps de la cardiologie » qui s’est tenu à Strasbourg les 24 et 25 avril derniers.
Ce congrès s’est ouvert avec la conférence de Jules Hoffmann, Prix Nobel 2011 pour ses travaux sur les récepteurs Toll-like, intervenant dans la sécrétion de divers peptides anti-infectieux. Une recherche ouverte sur la cardiologie puisque ces récepteurs jouent un rôle dans le développement de l’athérosclérose et le remodelage myocardique, avec, peut-être, la possibilité de les cibler pour ralentir le développement de l’athérome. Plus clinique, une session s’est intéressée aux anti-PCSK9 qui ciblent une protéine impliquée dans l’internalisation et la dégradation du LDL dans le foie.
Une nouvelle famille d’hypolipémiants prometteuse
Deux molécules de cette nouvelle famille d’hypolipémiants sont en développement. Il s’agit d’anticorps monoclonaux qui permettent une baisse du LDL, de l’ordre de 70%, avec une tolérance au moins égale à celle des statines. Initialement prévue pour s’adresser aux hypercholestérolémies familiales non stabilisées par les statines, elles se révèlent aussi efficaces dans l’hypercholestérolémie essentielle. Prescrites à raison d’une injection toutes les 4 à 8 semaines, cet anticorps fait actuellement l’objet d’études de phase III.
L’hypertension artérielle pulmonaire revisitée
On considérait l’hypertension artérielle pulmonaire comme résultant d’une hypoxie chronique avec vasoconstriction réactionnelle pulmonaire ; il s’agirait en fait d’un processus d’artériosclérose lié au recrutement dans les vaisseaux pulmonaires de cellules souches hématopoïétiques circulantes se différenciant au niveau pulmonaire en cellules musculaires lisses. Ce qui amène à considérer l’hypertension artérielle pulmonaire comme une maladie non plus locale mais systémique et pourrait ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Autres innovations, un nouvel antagoniste du récepteur de l’endothéline, le macitentan pourrait, à terme, supplanter le bosentan ; le nébivolol, bêta-bloqueur donneur de NO, se révèle aussi intéressant dans l’hypertension artérielle pulmonaire. Enfin, l’endartériectomie de l’arbre artériel pulmonaire permet maintenant dans les hypertensions artérielles pulmonaire fixées post-emboliques de normaliser les pressions pulmonaires.
Valvulopathies : le remodelage en ligne de mire
Autre changement conceptuel : la dégénérescence des valves cardiaques ne doit plus être considérée comme un dépôt passif de calcium mais comme un remodelage actif avec, au sein du tissu valvulaire, une différenciation des cellules en ostéoblastes ou fibroblastes. Avec là encore, une cible potentielle pour des thérapeutiques chez les patients à risque de dégénérescence valvulaire ou jugés inopérables, à condition d’intervenir avant que le processus dégénératif ne soit fixé.
On a montré la présence au niveau valvulaire de récepteurs à la leptine qui pourraient rendre compte du risque de valvulopathie chez le diabétique obèse. « Dans notre équipe, nous avons localisé au niveau de la valve mitrale des récepteurs à la sérotonine dont le 5-HT2B, impliqué dans la iatrogénie du Mediator® ; son blocage pharmacologique pourrait prévenir la dégénérescence valvulaire, explique le Pr Laurent Monassier. On espère aussi pouvoir développer des traitements dans les tumeurs sécrétant de la sérotonine comme les carcinoïdes où la morbi-mortalité est largement liée à l’atteinte cardiaque ».
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