SI LA DYSFONCTION érectile fut au cours des décennies précédentes une maladie dont il fallait rechercher la cause, parfois par le biais d'examens invasifs, pour déterminer l'attitude thérapeutique, la prise en charge est aujourd'hui en règle symptomatique. Elle est centrée sur la demande du patient et du couple. Ce paradigme aboutit dans la grande majorité des cas à la prescription d'un inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 et réserve les évaluations complémentaires et autres traitements aux échecs de ce traitement.
Toutefois, les données épidémiologiques ont récemment fait évoluer le concept de dysfonction érectile vers celui de symptôme sentinelle d'une maladie cardio-vasculaire et, plus récemment encore, du syndrome métabolique. Plus généralement, la dysfonction érectile évolue vers le champ de la santé sexuelle de l'homme.
Un élément de la santé sexuelle.
Le concept de santé sexuelle intègre tout à la fois des aspects biologiques, psychologiques, intellectuels, culturels et sociologiques. La santé sexuelle constitue ainsi l'une des dimensions fondamentales de la santé au sens de la définition de l'Organisation mondiale de la santé, qui la reconnaît comme «un état complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité».
En ce sens, la prise en charge d'une dysfonction érectile s'impose lors d'une consultation pour maladie cardio-vasculaire ou pour diabète, tout comme elle devrait être intégrée à une consultation pour d'autres circonstances, comme un motif urologique, une maladie chronique ou neurologique, par exemple.
La corrélation entre syndrome métabolique et dysfonction érectile est particulièrement nette chez les plus de 50 ans. La survenue d'une dysfonction érectile dans ce contexte est liée aux différents facteurs de risques constitutifs du syndrome métabolique, comme l'hypertension artérielle, l'obésité, la dyslipidémie et le diabète. Le mécanisme physiopathologique commun qui sous-tend ces manifestations est la dysfonction endothéliale. Les données de la Massachusetts Male Aging Study ont montré que la dysfonction érectile est prédictive de la survenue d'un syndrome métabolique chez les sujets ayant un indice de masse corporelle inférieur à 25. Elle peut donc être considérée comme un symptôme sentinelle chez des patients n'ayant pas de signe patent, en l'occurrence, pas d'obésité. Le même travail a également montré que l'association entre le syndrome métabolique et l'hypoandrogénie est fréquente. Enfin, chez certains patients, la dysfonction érectile est un marqueur sentinelle de l'insuffisance coronarienne.
Le syndrome métabolique.
La définition la plus récente du syndrome métabolique comporte cinq critères, dont trois sont nécessaires au diagnostic : une obésité dite centrale ou abdominale, des triglycérides élevés, un taux de HDL cholestérol bas, une glycémie élevée et une hypertension artérielle. Ce syndrome est considéré comme un marqueur du risque cardio-vasculaire, notamment chez les adultes d'âge moyen. Il constitue ainsi un stade précurseur de l'insuffisance coronaire et du diabète de type 2, qui sont des causes majeures de mortalité et de morbidité dans les pays industrialisés.
Ainsi, dans diverses circonstances de consultation, la recherche d'une dysfonction érectile fait partie du bilan de santé sexuelle du patient, partie intégrante de sa santé globale et de son bien-être. La constatation d'une telle dysfonction érectile implique la recherche d'un syndrome métabolique, indispensable afin de prévenir la survenue de complications cardio-vasculaires. Le dosage de la glycémie postprandiale, l'exploration des anomalies lipidiques, la mesure du périmètre abdominal et la mesure de la pression artérielle doivent donc faire partie de l'évaluation standard d'un patient consultant pour dysfonction érectile. La mise en évidence d'un syndrome métabolique justifie à son tour la mise en oeuvre rapide de mesures thérapeutiques et hygiéno-diététiques. En effet, l'exercice physique, des changements d'habitudes alimentaires, la perte d'un surpoids, l'arrêt du tabagisme, le traitement de l'hypertension ou d'une dyslipidémie permettent d'améliorer la dysfonction érectile et réduisent à terme la morbimortalité cardio-vasculaire.
D'après un entretien avec le Pr Stéphane Droupy (CHU de Bicêtre, le Kremlin-Bicêtre).
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