A Paris

A la recherche de Marcel Proust

Publié le 17/01/2002

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ARTS

François-Gérard Seligmann a passé sa vie de collectionneur à collecter des souvenirs et des uvres relevant de l'univers de « la Recherche du Temps perdu ». Le monde proustien fut celui d'une certaine futilité mondaine qui se contemple dans une peinture qui lui ressemble. Proust lui-même n'échappe pas à l'attrait d'une peinture aimable, docile aux caprices de ses commanditaires, et chargée de ce parfum un peu capiteux des salons qu'il aimait tant fréquenter. La position de Proust vis-à-vis de la peinture reste ambiguë, car si son style s'allie à la décomposition de l'image pratiquée par Monet dont il s'inspire d'ailleurs pour son personnage du peintre Elstir, son goût pour la peinture fardée de mondanité reste une évidence.

Le propos du collectionneur qui s'est, avec obstination, attaché à rassembler des uvres contemporaines du salon des Guermantes, suit en droite ligne les goûts qui s'y manifestent, comme témoignage d'une mentalité sociale. D'où le choix de ces artistes « pompiers » qui furent les gloires « fin de siècle », comme Carolus-Duran, Léon Bonnat, Louise Abbèma ou le fastueux et prolixe Jacques-Emile Blanche, lui aussi à cette frontière fragile entre avant-garde (les impressionnistes) et la peinture de Salon.
Que ces uvres soient exposées dans ce qui fut la demeure de la savoureuse marquise de Sévigné est un de ces hasards heureux qui rendent une manifestation artistique doublement attachante. On sait combien Proust vénérait la marquise épistolaire. Lui-même aurait sans doute apprécié cet accrochage. Et on a toujours loisir, en visitant l'exposition, d'aller revoir la reconstitution faite de sa chambre, avec les meubles authentiques qui y demeuraient lors de sa mort. Un pèlerinage qui passe de la peinture aux objets de la vie situés en position de relique. De quoi faire de cette visite un bien émouvant pèlerinage sur le pas de Proust, à « La Recherche du temps perdu ».

« Au temps de Marcel Proust » : Musée Carnavalet, 23, rue de Sévigné. Jusqu'au 20 janvier 2002. Du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h 40. Entrée 35 F. Gratuit le dimanche de 10 h à 13 h.

J.-J. L.