LES ÉTUDIANTS ÉTAIENT unanimes à la lecture des deux arrêtés parus le 4 mai au « Journal officiel ». La répartition par zone géographique et par spécialité des 357 postes offerts aux 641 candidats du concours de l'internat ainsi qu'aux 4 000 des prochaines épreuves classantes nationales (ECN) des 14 et 15 juin leur paraît « intelligente et équilibrée ». Dans un premier temps, les étudiants s'étaient inquiétés d'une éventuelle injustice avec la cohabitation de deux examens très différents. Au ministère de l'Education nationale, on dit « avoir tenu à préserver au mieux l'égalité des chances des candidats aux deux examensface à l'impossibilité de les interclasser ». Pari réussi puisque les étudiants sont rassurés. « Nous sommes globalement satisfaits par la répartition des postes offerts aux futurs internes car elle répond aux besoins de certaines spécialités en crise », affirme Amandine Brunon, qui préside l'Association nationale des étudiants de France (Anemf).
Toutes les filières, hormis la gynécologie médicale et obstétrique (voir encadré), ont profité de l'augmentation de 800 postes d'internes annoncée en mars par Jean-François Mattei. Les spécialités médicales (de 677 à 880) et chirurgicales (de 306 à 450 postes) en ont été les principales bénéficiaires. Après s'être associé au récent mouvement des Chirurgiens de France, l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (Isnih), s'est réjoui de la hausse du nombre de postes offerts dans des spécialités en crise. Selon son président, Pierre Loulergue, les 144 postes supplémentaires en faveur des spécialités chirurgicales étaient nécessaires pour faire face aux projections dramatiques du rapport Berland sur la démographie des professions de santé. « Des efforts doivent maintenant être entrepris pour rendre attrayante la chirurgie viscérale et orthopédique. » A Paris, la mobilisation commune des chefs de service et des étudiants pour obtenir davantage de postes d'internes a porté ses fruits, même si la hausse de 13 % (de 372 à 421 postes) reste inférieure à la moyenne nationale (+ 20 %). « La fermeture en début d'année de 7 % des terrains de stage en Ile-de-France apparaît d'autant plus aberrante », remarque le président du Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (Sihp), Raphaël Gaillard.
Plus de résidents aussi.
Les généralistes s'étaient sentis floués lors de la proposition de la Commission nationale des études médicales (Cnem) en février, qui prévoyait d'attribuer 1 581 postes à la médecine générale sur un total de 3 700. La médecine générale, qui sera une spécialité comme une autre dès la prochaine rentrée avec la création d'un diplôme d'études spécialisé (DES), sera proposée à 1 841 candidats des ECN et devrait attirer près de 300 « recalés » du concours de l'internat. Olivier Marchand, président de l'Intersyndicale nationale autonome, représentative des internes en médecine générale (Isnar-IMG), note la « sensible augmentation » mais aurait souhaité que les postes soient répartis « encore plus équitablement, à 50 %-50 % ».
La répartition des postes offerts aux candidats au concours de l'internat et aux épreuves classantes nationales est consultable sur le site www.legifrance.gouv.fr.
L'obstétrique perd 20 postes
Lors de la prochaine rentrée universitaire, 178 candidats à l'internat et aux épreuves classantes nationales se spécialiseront en gynécologie-obstétrique, soit vingt de moins que l'année dernière. Ces chiffres traduisent la « perte d'attractivité de la spécialité », estime le Dr Guy-Marie Cousin. Le secrétaire général du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof) déplore l'adéquation « au doigt mouillé » du nombre de postes proposés aux étudiants par rapport aux réels besoins en gynécologie-obstétrique. « On est incapable de dire aujourd'hui combien de personnes réalisent des accouchements en France et on propose 178 postes, qu'une grande partie des étudiants quitteront par manque d'intérêt ou de vocation. » Anne-Sophie Bats, présidente de l'Association des gynécologues-obstétriciens en formation (Agof), le confirme: « Beaucoup d'étudiants font valoir leur droit de remords, qui leur permet de changer de filière d'internat avant la fin du quatrième semestre. Ils sont surtout rebutés par l'obstétrique, très pénible physiquement, avec beaucoup de gardes de nuit et un risque médico-légal toujours plus grand, alors que la rémunération ne suit pas. » L'Agof, qui remet en cause la filiarisation de la spécialité, instaurée en 1999, avait d'ailleurs réclamé une baisse du nombre de postes offerts dans cette spécialité aux futurs internes. « Trop de postes ont été ouverts sans tenir compte du manque de terrains de stage hospitaliers. Dans certaines villes, les internes en gynéco-obstétrique ne peuvent pas réaliser de stage dans leur spécialité avant le cinquième semestre ! », souligne Anne-Sophie Bats.
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