L’objectif de cette étude était de décrire et analyser l’évolution du poids, de la masse grasse, maigre et de la balance énergétique, durant 90 semaines chez des patients diabétiques de type 2 (DT2) mis sous inhibiteurs des transporteurs SGLT2 (1). Ont été aussi mesurées la fonction rénale (DFG par MDRD), la quantité de glucose filtrée, la glycosurie/24 heures. Un outil numérique a été utilisé, permettant de prédire la perte de poids d’un individu soumis à une restriction ou une perte calorique (2).
86 DT2 ont été traités par 25 mg d’empaglifozine, la moitié étant naïve de tout traitement antidiabétique, l’autre sous dose maximale tolérée de metformine. Les paramètres initiaux étaient : IMC, 29,8 ± 4,5 kg/m2 ; HbA1c, 7,8 ± 0,8 % ; DFG, 89 ± 19 ml/min ; GAJ, 169 ± 41 mg/dl.
Après 90 semaines, la perte de poids moyenne a été de 3,2 kg, plus marquée chez les hommes. La réduction de la glycémie à jeun a été atteinte dès la fin de la deuxième semaine, elle est restée stable à partir du 3e mois de traitement. La fraction filtrée de glucose a diminué, comme la glycosurie, elles sont ensuite restées stables durant toute l’étude. Ainsi, la glycosurie est maximale à l’instauration du traitement, environ 85 g/j, puis chute rapidement parallèlement à l’amélioration du contrôle glycémique, pour se stabiliser ensuite autour de 50 g/j (dès la 10-20e semaine de traitement).
Fait notable, l’évolution pondérale a suivi la même dynamique : stabilisée après la 20 ou 30e semaine, quoique la glycosurie se maintienne à son niveau de 50 g/j, soit environ 200 kCal de perdus par jour. Cette perte continue de glucose dans les urines aurait dû conduire à la poursuite de la perte de poids, et celle-ci aurait dû atteindre 10 à 14 kg à 90 semaines selon le calculateur. Or elle n’a été que de 3 à 4 kg (figure 1).
Cet arrêt de la perte de poids semble bien lié à un phénomène de compensation par les prises alimentaires – environ + 200 Kcal/j – et non à une baisse de la dépense énergétique par perte de masse maigre, puisque celle-ci était stable durant l’étude (perte de masse grasse uniquement). Cette compensation semble plus marquée chez les DT2 les plus minces et à fonction rénale conservée. Toutefois, la perte de poids est plus marquée si les patients recevaient préalablement de la metformine (figure 2). L’hypothèse d’un effet anorexigène de la metformine est avancée.
Cette étude a beaucoup attiré l’attention puisqu’elle éclaire sur un phénomène bien connu maintenant : la perte de poids sous inhibiteurs des SGLT2 est significative, mais elle se stabilise avec le temps malgré la poursuite de la glycosurie. Il a été toutefois pointé qu’aucune mesure directe de la dépense énergétique n’a été réalisée et que l’hypothèse d’une augmentation compensatoire de l’appétit ne repose que sur un recueil de consommation alimentaire assez grossier. Mais il s’agit indéniablement d’une étude très instructive.
(1) en ligne : http://bwsimulator.niddk.nih.gov
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