LA VARICELLE est une maladie rare chez les femmes en âge de procréer et son incidence chez les femmes enceintes est estimée en France à 0,1-0,7 pour 1 000 grossesses. Ce qui correspond à environ 7 000 cas de varicelle en cours de grossesse et à 7 cas d’infections néonatales chaque année. Lorsque la maladie survient avant la 20e semaine d’aménorrhée, il existe un risque de foetopathie varicelleuse. Un virus, contracté par la mère dans les cinq jours précédant ou les deux jours suivant l’accouchement, expose au risque de varicelle néonatale grave.
Doit-on mettre en place des programmes de prévention destinés à identifier et à vacciner les femmes séronégatives susceptibles de développer une infection par le virus de la varicelle et du zona (VZV) en cours de grossesse ?
L’étude épidémiologique transversale de séroprévalence publiée dans le « BEH » n° 39 tente d’apporter des éléments de réponse. Elle a été conduite chez 486 femmes enceintes, âgées de 18 ans et plus, qui, dans le cadre du suivi habituel de leur grossesse, se sont rendues entre le 22 novembre et le 10 décembre 2005 dans un des 18 laboratoires de Lyon et sa banlieue. Tous les échantillons prélevés ont été transférés au laboratoire de virologie de l’université Claude-Bernard, où la présence d’anticorps IgG anti-VZV spécifiques (test Elisa) a été détectée, un titre d’IgG supérieur à 105 mUI/ml témoignant d’une immunité suffisante pour prévenir une éruption généralisée pendant la grossesse. Les femmes sont considérées comme séronégatives et donc non protégées lorsque le titre est inférieur à 55 mUI/ml ou si le résultat est équivoque (titre compris entre 55 et 105 mUI/ml).
Dans cette étude, la séroprévalence de l’immunité au VZV observée chez les femmes enceintes est élevée (98,8 %). Une sérologie VZV inférieure au seuil de détection a été retrouvée chez deux participantes de l’étude et le résultat était équivoque dans quatre cas. Ces six participantes considérées comme séronégatives sont toutes nées et ont toutes grandi en France ; quatre d’entre elles sont des primipares.
En cas de doute sur les antécédents.
L’exactitude des antécédents rapportés de la varicelle a été testée en calculant la VPP (valeur prédictive positive) et la VPN (valeur prédictive négative) de l’interrogatoire en référence aux résultats sérologiques. Parmi les 371 femmes qui ont déclaré un antécédent de varicelle, deux seulement sont séronégatives. D’où une VPP très élevée à 99,5 %. Ce résultat, conforme à celui obtenu dans d’autres études, suggère «qu’une déclaration positive d’antécédents de la varicelle pourrait être considérée comme un marqueur fiable du statut immunitaire au VZV». En revanche, parmi les 29 femmes qui affirment ne pas avoir eu de varicelle, 89,17 % sont en fait séropositives, soit une VPN de 10,3 %. Cette valeur très basse de la VPN démontre la difficulté d’identifier correctement les femmes séronégatives en se fondant uniquement sur les antécédents rapportés de la varicelle. Compte tenu des «angoisses en cours de grossesse occasionnées après un contact avec une personne atteinte de varicelle», il pourrait être envisagé d’inclure la recherche d’anticorps anti-VZV dans le bilan infectieux effectué en cours de grossesse pour les femmes sans antécédent de varicelle ou en cas de doute sur les antécédents, afin d’éviter une infection durant cette période. Rappelons que la grossesse figure parmi les contre-indications du vaccin contre la varicelle. L’avis du Conseil supérieur d’hygiène publique de France (Cshpf) de mars 2004 rappelle que «toute vaccination contre la varicelle chez une jeune femme en âge de procréer doit être précédée d’un test négatif de grossesse».
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