LES OBJECTIFS du traitement de la MP sont de soulager la symptomatologie et de préserver la fonction dopaminergique. Actuellement, les traitements sont symptomatiques alors que, comme le spécifie le Dr Warren Olanow*, «retarder la progression est l'un des objectifs non satisfaits le plus important de la MP».
La rasagiline améliore la symptomatologie, comme l'ont démontré les études PRESTO (1) et LARGO (2) réalisées chez des patients ayant des formes modérées ou avancées de MP.
Freiner l'évolution de la maladie.
Le 12e congrès de l'European Federation of Neurological Societies (EFNS) a été l'occasion pour Lundbeck et Teva de présenter les premiers résultats de l'étude ADAGIO (3) qui apportent la démonstration que la rasagiline améliore non seulement la symptomatologie, mais encore qu'elle ralentit la progression de la maladie. Il s'agit de l'une des plus importantes études menées en double aveugle versus placebo jamais réalisées sur la MP (1 176 patients). Les patients inclus n'étaient diagnostiqués en moyenne que depuis 4,5 mois, soit une prise en charge très précoce avec un score UPDRS (Unified Parkinson's Disease Rating Scale) à 20,4. Le protocole d'ADAGIO est tout à fait original. Il a été conçu pour pouvoir différencier les effets symptomatiques de la rasagiline et ses propriétés de modification de la maladie. Son principe repose sur la comparaison des pentes évolutives de la maladie – établies par le score UPDRS – entre les patients traités précocement et ceux pour qui le traitement n'a été entrepris qu'après une période de 9 mois sous placebo. En plus d'un effet sur les symptômes, un traitement précoce avec rasagiline 1 mg/jour ralentit la progression de la maladie. Si le recul de cette étude n'est que de 28 mois, un travail précédent (TEMPO) avait montré que, jusqu'à 6 ans, les patients qui avaient reçu un traitement précoce par rasagiline 1 mg présentaient des bénéfices à long terme comparés à ceux qui n'avaient reçu le traitement que six mois plus tard (4). De plus, après deux ans de traitement, 46 % étaient toujours sous monothérapie avec la rasagiline, sans nécessiter de traitement antiparkinsonien associé.
L'effet modificateur du cours de la maladie par la rasagiline n'est pas élucidé. Comme le confirment les Prs Philippe Damier** et Olivier Rascol***, «il n'est pas exclu qu'il s'agisse d'un effet neuroprotecteur; toutefois, il semble que le produit induise un meilleur fonctionnement cérébral en favorisant les processus de compensation».
Faute de pouvoir intervenir en amont du déclenchement de la maladie, le Pr Olivier Rascol souligne qu'il faut traiter le plus tôt possible, dès que le diagnostic est posé, pour augmenter les chances de succès du traitement et précise : «La rasagiline, outre ses propriétés, a l'avantage d'être bien tolérée, simple d'administration, ne nécessite aucune titration et constitue un bon choix thérapeutique en première intention.» La rasagiline est commercialisée en Europe par Lundbeck et Teva, qui espèrent pouvoir la mettre à la disposition des praticiens français dans les mois à venir. La molécule est indiquée dans le traitement de la maladie de Parkinson idiopathique en monothérapie (sans la lévodopa) ou en association (avec la lévodopa) chez les patients présentant des fluctuations motrices de fin de dose.
D'après la communication du Pr Olivier Rascol et la conférence de presse des Laboratoires TEVA-Lundbeck lors du 12th Congress of the European Federation of Neurological Societies (EFNS).
* Dr Warren Olanow, département de neurologie, Mount Sinai School of Medicine, New York, États-Unis.
** Pr Philippe Damier, service de neurologie, CHU de Nantes.
*** Pr Olivier Rascol, pharmacologie clinique, CHU de Toulouse.
(1) Parkinson Study Group. Arch Neurol 2005;62:241-8.
(2) Rascol O et al Lancet 2005 Mar 12;365:947-54.
(3) Olanow CW et al A radomized, double-bind, placebo-controlled, delayed-start study to assess rasagiline as a disease modifying therapy in Parkinson's disease (the Adagio study): rationale, design and baseline characteristic. MDS 2008 (In press).
(4) Parkinson Study Group. Arch Neurol 2004;61:561-66.
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