LA RADIOFREQUENCE est un courant électrique de 400-500 Khz qui provoque une agitation ionique avec friction des particules entre elles entraînant un échauffement tissulaire et la destruction des cellules. Le traitement est généralement effectué sous anesthésie générale avec une aiguille à électrodes déployables, l'échographie guidant la mise en place de l'aiguille dans la tumeur. Le suivi ultérieur se fait par imagerie (tomodensitométrie ou l'IRM après injection de produit de contraste).
Tumeurs hépatiques.
La radiofréquence est très efficace sur les petites tumeurs : environ 90 % d'éradication totale des tumeurs de moins de 2,5 cm ; pour des tumeurs plus volumineuses, l'efficacité est moins bonne avec seulement 30 % pour des tumeurs de 5 cm ; au-delà, les résultats s'effondrent.
Cela s'explique car les systèmes actuels sont capables de détruire des sphères de 4 à 5 cm de diamètre comprenant la tumeur et une marge de sécurité de 1 cm autour.
Tumeurs rénales et pulmonaires.
Des études préliminaires sont maintenant réalisées pour évaluer l'efficacité de cette technique sur des tumeurs rénales et pulmonaires. La série de tumeurs rénales la plus importante comprend 34 patients porteurs de 42 tumeurs* : les tumeurs de moins de 3 cm sont détruites dans 100 % des cas avec une seule session de radiofréquence neuf fois sur dix, les tumeurs entre 3 et 5 cm sont également toutes détruites avec deux sessions de radiofréquence dans 30 % des cas.
Sur les tumeurs pulmonaires, la radiofréquence semble également très efficace et cela sans complications sévères : un pneumothorax survient dans 50 % des cas mais il est presque toujours exsufflé pendant le geste de radiofréquence ; la mise en place d'un drain pleural n'est nécessaire que dans 10 % des cas. Les EFR après radiofréquence ne sont pas modifiées, ce qui permet de traiter des patients ayant des réserves pulmonaires très faibles.
La radiofréquence est également utilisée dans l'os souvent dans un but antalgique, pour détruire l'innervation de métastases ; il existe aussi des essais sur des tumeurs du sein, des tumeurs surrénaliennes, pancréatiques. Le problème est que l'utilisation de la radiofréquence en dehors d'organes de grande taille expose à des lésions des organes, structures nerveuses ou vasculaires de voisinage.
La radiofréquence est intéressante pour le chirurgien : devant un patient qui présente une tumeur importante dans la partie droite du foie et deux petites tumeurs dans la partie gauche, il devient possible de faire une hépatectomie droite et, grâce à l'échographie peropératoire, de détruire par radiofréquence les petites tumeurs à gauche.
Une validation difficile.
Geste simple qui entraîne peu de complications, la radiofréquence est un traitement, pour l'instant, réservé à des patients non opérables et dont il faut déterminer la place dans la stratégie thérapeutique. Après sept ans d'utilisation sur des tumeurs hépatiques, la question se pose de savoir s'il faut remplacer la chirurgie par la radiofréquence. Le problème est que les essais randomisés nécessaires pour valider la technique et comparer son efficacité à celle de la chirurgie (traitement connu, validé) sont très difficiles à mettre en œuvre car le tirage au sort entre les deux types de traitement est délicat pour le patient comme pour le thérapeute. Beaucoup d'étapes restent à franchir avant de pouvoir utiliser cette technique en clinique en routine mais elle laisse espérer, dans l'avenir, un traitement non invasif du cancer.
D'après un entretien avec le Dr Thierry de Baere, institut Gustave-Roussy, Villejuif.
* Gervais D. A., McGovern F. J., Arellano R. S., McDougal W. S., Mueller P. R. Renal cell carcinoma : clinical experience ans technical success with radiofrequency ablation of 42 tumors. Radiology 2003 ; 226 : 417-424.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature