LE VIEILLISSEMENT n'est pas une maladie. C'est un phénomène physiologique différentiel qui commence dès la naissance. La vue est ainsi touchée dès 10 ans et l'audition dès 20 ans. Le métabolisme de base, la répartition masse grasse-maigre-eau, la fonction rénale, la capacité respiratoire maximale ou de la vitesse de conduction nerveuse baissent, eux, progressivement à partir de la trentaine. Le vieillissement réussi existe, mais il est d'abord différentiel…
L'espérance de vie à la naissance a reculé et continue à augmenter dans les pays industrialisés, malgré l'épidémie d'obésité qui en ralentit cependant son évolution.
Pour l'efficacité des médicaments anti-âge, il existe des bases scientifiques théoriques, mais aucune donnée prouvant l'efficacité de ces traitements n'est encore disponible.
Aux États-Unis, une société savante dépendant de la société de gériatrie, l'A4M (American Academy of Anti-Aging Study), a comme objectif de réduire les pathologies liées à l'âge, en particulier les pathologies neurodégénératives, altérant le fonctionnement cérébral.
Ces médicaments anti-âge, en théorie, potentiellement efficaces doivent, selon les centres qui les prescrivent, être administrés en fonction des carences et l'ordonnance doit être adaptée à chacun après un bilan complet (bilan mis au point par M. Brack, INSERM), mais non remboursé par la Sécurité sociale. Ces bilans sont réalisables dans un certains nombre de laboratoires listés sur le site www.cisso.info.
Ces médicaments sont en fait plus proches des micronutriments:
– les minéraux, les oligoéléments et les vitamines, dont les antioxydants (vitamines A, C, E, coenzyme Q10, gingko biloba, sélénium), qui aident à lutter contre le facteur principal du vieillissement, le stress oxydant ;
– les hormones décroissant avec l'âge (DHEA, mélatonine, hormone de croissance, testostérone…). Tout le monde a entendu parler des études évaluant l'efficacité de la DHEA qui ont échoué à montrer un bénéfice sur le vieillissement ;
– les acides gras essentiels (oméga 3) ;
– les acides aminés.
Dans la prévention de la maladie d'Alzheimer, là encore, pas de données pour l'instant, de nombreux médicaments visant à modifier l'évolution de la maladie sont en cours. En attendant, on peut diminuer les facteurs de risque dont la connaissance s'appuie sur plusieurs grandes études épidémiologiques (Paquid, Framingham, Rotterdam, The Kungsholmen project, the Nurses'Health study.).
Les principaux facteurs de risque de la maladie d'Alzheimer (MA):
– l'âge ;
– le gène Apo E4 ;
– des antécédents familiaux de MA ;
– un antécédent de traumatisme crânien ;
– un événement de vie, grave, avant l'âge de 16 ans ;
– une dépression ;
– une incidence à la moitié de la vie : d'un terrain vasculaire incluant différentes pathologies : une hypercholestérolémie, une HTA, un diabète, un tabagisme, une insuffisance respiratoire, un alcoolisme.
Les facteurs protecteurs:
– un niveau d'éducation supérieur ;
– la nutrition : antioxydants, poisson 2 ou 3 fois par semaine, fruits et légumes ;
– une vie sociale active ;
– une vie intellectuelle riche ;
– une activité physique régulière (au moins 2 fois par semaine > 1 heure). La danse a été identifiée dans plusieurs études épidémiologiques comme facteur protecteur ;
– une consommation régulière, mais faible d'alcool.
Le questionnaire de risque CAIDE Dementia Risk score peut être utilisé de façon systématique, pour proposer une attitude positive en consultation mémoire, surtout chez les – de 70 ans, en fonction du score total de risque, pour faire une ordonnance de prévention et corriger les risques existants.
L'ordonnance de prévention pourrait alors:
– prescrire une activité physique au moins deux fois par semaine (une heure) ou de la danse ;
– rectifier la nutrition : conseiller fruits et légumes, au moins cinq différents par jour, plus de poisson (deux ou trois fois par semaine), un régime méditerranéen ;
– donner des antioxydants, mais à prescrire en fonction des données ;
– conseiller une vie active intellectuellement et socialement riche et, surtout, la rupture de l'isolement, quand c'est possible.
Conclusion: peut-on retarder le vieillissement?
La généralisation des supplémentations est cependant limitée par plusieurs facteurs : nombre insuffisant d'études prospectives et contrôlées ; connaissance insuffisante des propriétés prooxydantes, oxydantes et antioxydantes des différents suppléments ; arguments de plus en plus importants pouvant faire considérer que les radicaux libres ne sont pas seulement des produits de dégradation, mais aussi qu'ils jouent un rôle important de messager pour la cellule, dans l'apoptose et dans la défense contre les infections.
Recommandations. Bien que les données actuelles ne permettent pas d'affirmer un allongement de la durée de vie, l'impact bénéfique des antioxydants sur plusieurs maladies dégénératives liées à l'âge peut faire envisager une amélioration de l'espérance de vie et de la qualité de vie. L'insuffisance des données actuelles ne permet pas la recommandation systématique des antioxydants ; néanmoins, des régimes riches en antioxydants, en fruits et en légumes doivent être recommandés et des supplémentations après dosage des carences si besoin.
Radicaux libres et théorie du vieillissement.
Un stress oxydatif important conduit progressivement au mauvais fonctionnement de la cellule, puis à sa mort. Le stress oxydatif peut être défini comme un déséquilibre entre prooxydants et (ou) radicaux libres, d'une part, et systèmes antioxydants, d'autre part. L'oxygène nécessaire à la vie peut être, de façon indirecte, responsable d'actions néfastes ; ces effets délétères sont dus à la production de radicaux libres toxiques pour les cellules.
Théorie du vieillissement en bref: une des théories est celle des radicaux libres.
Les radicaux libres endommagent la membrane cellulaire, l'ADN et les protéines et entraînent de ce fait maladies et vieillissement.
Les antioxydants permettent de neutraliser ces radicaux libres, mais les antioxydants endogènes diminuent avec l'âge.
Gériatre à Broca–CMRR Paris-Sud et MEDFORMA, Paris 13e.
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