La qualité du sperme décroît avec l'âge

Publié le 05/02/2003
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La qualité du sperme décroît progressivement au cours de la vie. Telle est la conclusion d'une étude californienne (université de Californie, Berkeley) au cours de laquelle il a pu être montré que le volume des éjaculats et la mobilité des spermatozoïdes diminuaient de manière continue lorsque l'âge des sujets augmente.

La qualité du sperme étant considérée comme un indicateur de la fertilité masculine, ces observations suggèrent que la capacité des hommes à concevoir un enfant diminuerait elle aussi progressivement au cours de leur vie. Cependant, il n'est pas possible de déterminer un âge « seuil » à partir duquel un homme n'est plus en mesure de procréer, comme c'est le cas pour les femmes.

Pas de problème de fertilité avéré

Eskenazi et coll. sont parvenus à ces conclusions après avoir conduit une étude sur une cohorte de 97 volontaires sains âgés de 22 à 80 ans. Les participants à l'étude n'avaient pas de problème de fertilité avéré, n'avaient jamais souffert de pathologies génitales, étaient tous non-fumeurs depuis au moins six mois et n'avaient jamais subi de chimiothérapie ou de radiothérapie.
Plus de 15 hommes, par décennies d'âge de 20 à 70 ans, et 8 hommes de plus de 70 ans ont pu être recrutés. Les volontaires ont donné un échantillon de sperme et rempli un questionnaire permettant de recueillir des informations concernant leurs antécédents médicaux, le nombre et l'âge de leurs enfants (s'il en avaient), leurs caractéristiques socio-démographiques et leur mode de vie (régime alimentaire ; consommation d'alcool, de tabac et de caféine).
Les échantillons de sperme ont été analysés de manière à obtenir des informations sur le volume des éjaculats, la concentration en spermatozoïdes, leur mobilité et leur mobilité progressive (capacité des spermatozoïdes à avancer).

Diminution de 0,03 ml par an

Le traitement de ces données a permis d'arriver aux résultats suivants : entre 22 et 80 ans, le volume des éjaculats diminue chaque année en moyenne de 0,03 ml, la mobilité des spermatozoïdes, de 0,7 %, et la mobilité progressive, de 3,1 %. La concentration en spermatozoïdes reste stable jusqu'à 59 ans. En revanche, parmi les volontaires plus âgés, 4 sur 25 ont montré une azoospermie (deux d'entre eux ont eu des enfants et aucun problème de fertilité n'a jamais été diagnostiqué chez les deux autres au cours de leur vie).
Compte tenu de ces résultats, la probabilité d'observer des défauts de mobilité des spermatozoïdes chez un homme de 50 ans est de 80 %. Cette probabilité atteint 100 % chez les hommes de 80 ans.
Deux types d'explication peuvent être apportés au phénomène observé par Eskenazi et coll. Tout d'abord, la qualité du sperme pourrait décroître avec l'âge du fait de changements cellulaires et physiologiques qui se produisent au niveau du tractus génital au cours du vieillissement. Une seconde explication est fondée sur les probabilités d'exposition à des agents exogènes délétères pour les fonctions reproductrices (y compris les infections) qui augmentent avec l'âge des sujets.
Les hommes choisissent de plus en plus souvent de concevoir leur premier enfant tard dans leur vie. Si l'on s'en réfère aux résultats obtenus par Eskenazi et coll., ces hommes devraient prendre en considération le fait que leurs chances d'avoir des enfants diminuent quand ils repoussent le moment de la conception.

B. Eskenazi et coll., « Human Reproduction », 2003, vol. 18, pp. 447-454.

Elodie BIET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7268