Le profil de personnalité du psychopathe est le plus porteur de violence et d'agressions dangereuses. La psychopathie est un trouble psychiatrique caractérisé par une agressivité excessive et non contrôlée. Les sujets ont des perceptions distordues des relations interpersonnelles, avec une propension à utiliser la violence et l'agression pour tenter de dominer les autres en faisant fi de leurs droits.
Chez l'enfant, des traits similaires font partie des critères diagnostiques du déficit de l'attention-hyperactivité et des troubles des conduite.
Des analyses des contenus en métabolites de neuromédiateurs monoaminergiques du LCR - acide 5-hydroxyindolacétique (5-HIAA), métabolite de la sérotonine, et acide homovanilique (HVA), métabolite de la dopamine - ont été réalisées. La sérotonine régule la dopamine, laquelle influe sur les impulsions agressives. Les résultats ont montré chez des sujets autodestructeurs des taux bas de 5-HIAA ; une relation entre un taux diminué de 5-HIAA et un comportement agressif a été rapportée dans la dépression, les troubles de la personnalité et chez les individus très impulsifs. En revanche, un abaissement de la 5-HIAA ne permet pas d'expliquer ou de prédire un comportement violent non impulsif dirigé vers l'extérieur chez des sujets n'ayant pas de trouble psychiatrique.
Le rapport HVA/5-HIAA
« Le rapport entre les métabolites de la sérotonine et de la dopamine est hautement constant. Une augmentation du taux HVA/5-HIAA indique une altération de la modulation sérotoninergique de l'activité dopaminique », expliquent H. Soderstrom et coll. qui, dans un travail antérieur, trouvent une corrélation entre le rapport HVA/5-HIAA et tous les aspects de la psychopathie (22 délinquants violents âgés de 17 à 67 ans, en dehors de toute dépendance à un psychotrope ou un stupéfiant).
Ils confirment ce fait, dans le « Journal of Neurologic Psychiatry », par une étude chez 28 hommes de moins de 45 ans qui ont commis des crimes par violence : meurtre, tentative d'homicide, violence aggravée, viol, incendie criminel, agression sexuelle sur des mineurs. On a noté soigneusement les antécédents dans l'enfance de déficit de l'attention-hyperactivité ou de troubles des conduites.
Les résultats montrent que les taux les plus élevés de HVA et les plus bas de 5-HIAA sont associés significativement à tous les traits de la psychopathie, et particulièrement à ceux des comportements.
Le lien est plus fort pour le rapport HVA/5-HIAA que pour les métabolites pris isolément. Ce qui fait penser qu'il s'agit d'une caractéristique biologique. C'est particulièrement clair pour l'agressivité dirigée contre l'extérieur et les traits de comportement désorganisé (tels que besoin de stimulation, mauvais contrôle de soi, impulsivité et irresponsabilité).
Le rapport HVA/5-HIAA est également fortement associé à des antécédents dans l'enfance de troubles du développement à type de déficit de l'attention-hyperactivité et troubles des conduites.
Ce qui confirme que la psychopathie peut être une séquelle à l'âge adulte de ces troubles du développement de l'enfance.
L'augmentation du turnover de la dopamine est peut être un résultat adaptatif à un déficit postsynaptique ou à une altération de la régulation sérotoninergique du système dopaminique. La mauvaise régulation sérotoninergique conduirait à une désinhibition des impulsions agressives.
De ce fait, une solution est envisageable pour traiter la psychopathie agressive : l'utilisation de traitements modulateurs de la dopamine seuls ou combinés à des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ; ou bien des produits exerçant une modulation combinée de la dopamine et de la sérotonine.
« Journal of Neurologic Psychiatry », 2003 ; 74 : 918-921.
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