Cinéma
En bonne documentariste - elle a commencé par là sa carrière de cinéaste - Solveig Anspach est à l'affût de tous les sujets. Et en ex-étudiante en psychologie clinique, elle ne pouvait qu'être fascinée par l'histoire de cette femme retrouvée errante et sans papiers dans les rues de Paris et qu'on pensait sourde et muette ; jusqu'à ce que le psychiatre qui s'occupait d'elle décide de la faire passer à la télévision et qu'on découvre qu'elle était étrangère et fugueuse.
A défaut de faire un documentaire sur cette femme, qui ne le souhaitait pas, Anspach s'est inspirée de l'histoire et des questions suscitées en elle pour une fiction écrite avec Roger Bohbot, l'auteur de « la Vie rêvée des anges ». Et elle en a profité pour aller tourner sur l'île de Vestmannaeyjar, où elle est née de père américain et de mère islandaise.
Cela commence en Belgique, où une jeune psychiatre nommée Cora - « une femme qui a grandi avec le fantasme de réparer le monde », décrit la réalisatrice - s'intéresse plus que de raison à une patiente qui ne dit pas un mot. Elle croit lire un appel dans son regard et tisse avec elle une relation particulière, si forte que lorsqu'elle apprend que la femme, dont on a découvert l'identité, a été ramenée chez elle, en Islande, elle part sur ses traces.
Bien sûr, la jeune psy qui s'envole pour une île islandaise perdue à la suite d'une patiente, on a un peu de mal à y croire. Mais cela ne fait rien, car la découverte des beautés et des particularités de Vestmannaeyjar par les yeux de Cora est passionnante.
Dans cette île battue par les tempêtes de l'Atlantique Nord et surmontée d'un volcan, où l'on vit une partie de l'année dans le plus total isolement, tout est différent. Pas moyen pour la jeune psy de plaquer ses bons sentiments, son idée de la générosité, sur des relations humaines à l'épreuve d'éléments incontrôlables. Et ses dialogues avec le médecin local ne manquent pas de sel.
Elodie Bouchez, moyennement crédible en psy mais parfaite dans l'empathie, donne la réplique à Didda Jónsdóttir, écrivain dont c'est le premier rôle au cinéma, et à Baltasar Kormákur, acteur et réalisateur (« 101 Reykjavik » et « The Sea »). Jusqu'où peut-on aider autrui, que l'on soit ou non thérapeute ? La question vaut le voyage, sur 40 écrans en France (contre 600 pour « Michel Vaillant » et plus de 400 pour « Intolérable Cruauté » !).
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