Notre enquête comportait une question dans laquelle on invitait chaque praticien à donner sa définition de la médecine de proximité. Pour la plupart des répondants à notre questionnaire, elle est évidemment d’abord géographique. « Possibilité pour les patients d’accéder à la consultation d’un médecin généraliste dans un rayon de 10 km et dans un délai inférieur à trois jours », a calculé le Dr Patrice Martin de Pierres (Eure-et-Loir). Alors, dans ce contexte, les maisons de santé pluridisciplinaire, oui. Mais « quel est l’intérêt d’une maison de santé de proximité à 20 km de l’habitation des patients quand ils sont
dépendants et ont des moyens de déplacements limités ?», s’interroge le Dr Marie-Catherine Lavigne de Puyoo (Pyrénées-Atlantiques).
« Optimiser le rôle de chacun »
Il reste que l’idée de coopération professionnelle fait du chemin. Ainsi pour le Dr Nicolas Demare, de Habsheim (Haut-Rhin), la proximité c’est la « coopération infirmière et médecin généraliste, c’est-à-dire le partage des tâches sous le contrôle constant du médecin tel qu’on le retrouve chez nos voisins d’Europe du Nord avec une organisation régulée de type pôle de santé sous l’autorité (souple) d’un SROS libéral afin d’optimiser de rôle de chacun ». À condition, que chacun s’y retrouve. « Une médecine de proximité efficiente c’est aussi la mise en place de réseaux de soins pluridisciplinaire de proximité permettant une bonne coordination de tous les acteurs médicaux et sociaux dans lequel chaque acteur et chaque structure garde son statut, son indépendance professionnelle et peut se recentrer sur l’exercice de ses compétences », analyse le Dr Patrick Deleporte (Finistère).
«Nous ne sommes pas des prestataires de service »
Le Dr François Le Hetet (Ille-et-Vilaine) cite la définition de la Wonca : « Une prise en charge globale d’une population sur un territoire ». Il demeure que le terme de « proximité », qui peut rimer avec « commerce de proximité » a fait parfois tiquer nos lecteurs. « Utiliser médecine de proximité, c’est un pas de plus vers la consommation, le médecin n’est pas un prestataire de service », s’inquiète le Dr Catherine Lépine, de Saint-Prest (Eure-et-Loir). Et, attention, « sauf urgence, la proximité n’est pas vitale, c’est juste un besoin que l’on crée chez les patients, ce qui est important c’est la médecine de qualité », juge le Dr Alexandra Vanraes de Chateaubriant (Loire-Atlantique) un peu à contre-courant. Prolongeant l’analyse, le Dr Christian Godfroy, de Rouen (Seine-Maritime) estime que « la proximité se heurte, sans s’opposer, aux notions de disponibilité, engagement, volontariat, formation, rémunération des praticiens et éducation médicale et civique des patients qui rechignent à se déplacer ».
Enfin, pour beaucoup de répondants, la proximité est une notion qui se définit d’abord dans la relation médecin-patient. Le médecin de premier recours « coordonne la santé de son client, le conseille, le soigne tout au long de sa vie », dit le Dr Patrick Bandon, de Talence (Gironde). Avec des variantes selon les zones géographiques, « la proximité dans le milieu rural, c’est le patient qui vous tutoie, qui sait qu’à deux heures du matin, je serai là pour une urgence qui sera justifiée, c’est le respect qu’il aura quand il vous dit “merci?? et “ on a besoin de vous?? », raconte le Dr Munschy de Abilly (Indre-et-Loire).
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