« LA SCHIZOPHRÉNIE peut être considérée comme résultant de l'action de facteurs environnementaux sur un profil de vulnérabilité génétique conférée par le gène DISC1 (Disrupted-In-Schizophrenia) , indiquent en préambule d'une étude publiée dans les «Proceedings » (1) Naoya Sawamura et coll. (« Psychiatrie et sciences du comportement », Baltimore) qui ont exploré cette piste. Le gène DISC1 a été initialement identifié dans une famille écossaise. Il existe aussi dans cette famille d'autres troubles psychiatriques majeurs : troubles bipolaires et dépression majeure récurrente notamment. A côté de cela, certaines études ont suggéré que DISC1 pourrait être impliqué dans la schizophrénie en dehors des cas familiaux.
Les chercheurs de Baltimore ont conduit leur travail pour comprendre le rôle du gène DISC1. Ils ont réalisé une analyse biochimique de la protéine DISC1 dans des cerveaux autopsiés chez des malades ayant des troubles bien caractérisés : schizophrénie, troubles bipolaires, dépression majeure (quinze patients dans chaque groupe).
Une augmentation du pool nucléaire.
Une comparaison avec des cerveaux sains montre des modifications significatives de l'expression de la protéine chez les patients ayant une schizophrénie ou des troubles dépressifs majeurs. Une forme plus courte de DISC1 est exprimée et le ratio noyau/cytoplasme est modifié dans certaines structures cérébrales : il existe une augmentation du pool nucléaire de DISC1 au niveau du cortex orbitofrontal dans ces deux troubles psychiatriques.
Cette altération de la distribution est également observée lorsqu'il existe une addiction pour un toxique ou l'alcool, observent les auteurs.
Les différentes variables confondantes n'altèrent pas l'association, si ce n'est une modification en fonction de l'intervalle post mortem. D'ailleurs, les effets de la substance toxique interagissent avec ceux de la maladie. Ainsi, dans la dépression majeure, les modifications du gène sont modulées par un éthylisme associé. Mais ce n'est pas le cas dans la schizophrénie, où les modifications sont libres de toute association à des facteurs confondants et peuvent être attribués à la maladie elle même.
Ces analyses biochimiques confortent l'hypothèse d'une distribution intracellulaire aberrante de la protéine DISC1 dans la schizophrénie sporadique.
Sur le plan de la biologie cellulaire, on peut alléguer une perte de fonction de la dynamique microtubulaire, comme cela a été montré sur des modèles animaux.
L'augmentation du pool de DISC1 au niveau du noyau n'a pas d'explication claire. Si ce n'est que le gène DISC1 est peut être impliqué dans une transcription aberrante du gène en relation avec le développement des fonctions synaptiques et du neurodéveloppement.
Récompense et punition.
Le cortex orbitofrontal joue un rôle dans la récompense et la punition, « ce qui est un prérequis pour un comportement émotionnel et social adaptable », expliquent les auteurs. L'implication de cette structure a été montrée dans des addictions et la schizophrénie mais aussi dans des TOC.
Quant aux modifications de DISC1, on ne sait pas si elles constituent une cause ou une conséquence des troubles mentaux. Mais on pourrait chercher à savoir si elles peuvent servir de marqueur de ces troubles, concluent les auteurs.
(1) « Proc Natl Acad Sci », 25 janvier 2005, vol. 102, n° 4, pp. 1187-1192.
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