De notre correspondante
à New York
L'ozone, une molécule formée de trois atomes d'oxygène (O3), est très réactif. Si, dans la stratosphère, ce gaz est salutaire, formant une couche protectrice contre les rayons UV solaires, sa concentration élevée dans l'air pollué des villes est très toxique. Etant donné ses propriétés antiseptiques et bactéricides observées in vitro, ce puissant oxydant est utilisé pour purifier l'air et l'eau.
Défense antibactérienne, inflammation
Il y a un an, l'ozone a aussi été détecté dans les systèmes biologiques par l'équipe du Pr Richard Lerner, du Scripps Research Institute (La Jolla, Californie).
Ces chercheurs ont montré que l'ozone est généré par les anticorps dans le cadre d'une défense antibactérienne et sa détection dans la peau enflammée du rat suggère son rôle dans l'inflammation.
Cette découverte de l'ozone en biologie « change le paysage de la chimie d'oxydation in vivo et pourrait aboutir à l'identification de nouvelles voies réactives et de nouveaux produits qui sont d'importance capitale en situations normale et pathologique », déclare l'équipe qui publie de nouveaux résultats dans la revue « Science ».
Wentworth, Lerner et coll. ont maintenant détecté la production d'ozone dans l'athérosclérose, maladie artérielle inflammatoire.
Les chercheurs ont analysé une quinzaine d'échantillons de tissus athéroscléreux (obtenus par endartérectomie carotidienne) et ont constaté qu'ils génèrent un oxydant dont la signature chimique est celle de l'ozone (oxydation de l'indigo carmine 1).
Puis, en analysant les plaques athéroscléreuses saturées de cholestérol (n = 14), les chercheurs ont observé qu'elles génèrent in vitro, après activation des leucocytes dans la plaque, des molécules qui ne peuvent être produites que lors du clivage du cholestérol par l'ozone.
">Enfin, l'équipe a étudié les effets de ces stéroïdes issus de l'ozonolyse du cholestérol (5, 6-secosterol et dérivés). Ils sont cytotoxiques pour différents types de cellules présents dans les artères athéromateuses et en présence de LDL, ils induisent l'accumulation de lipides dans les macrophages tissulaires pour former les cellules spumeuses.
Ils proposent d'appeler « athéronals » les stéroïdes de cette nouvelle classe de molécules.
Un marqueur pour l'inflammation
« Ces résultats suggèrent que la production endogène d'ozone pourrait contribuer à l'athérosclérose et pourrait lier les facteurs apparemment indépendants qui contribuent à l'athérosclérose, à savoir : l'accumulation et l'oxydation du cholestérol, l'inflammation et les dégâts cellulaires », notent les chercheurs.
Par ailleurs, leur observation préliminaire suggère que la présence plasmatique d'un athéronal pourrait servir de marqueur pour l'inflammation artérielle avancée dans l'athérosclérose.
Ainsi, le dosage sanguin de cet athéronal pourra peut-être un jour offrir un moyen non invasif de détecter la maladie artérielle inflammatoire.
« Science »,7 novembre 2003, p. 1053.
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