De notre correspondante
à New York
Le déficit en IgA est particulièrement fréquent chez les individus d'origine européenne, puisque sa fréquence est de 1 pour 600. Il est souvent familial, mais peut être induit aussi par des causes environnementales intra-utérines. Ce déficit en IgA, dans le sérum et dans les sécrétions muqueuses, donne aux patients une susceptibilité aux infections (respiratoires, intestinales), à l'asthme et à l'atopie, aux maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, lupus érythémateux disséminé) et un risque de choc anaphylactique lors de transfusions avec du sang normal ou des produits sanguins.
Bien que les IgA jouent un rôle crucial dans les réponses immunes, les lieux exacts de leur production ainsi que les cellules et molécules nécessaires à leur production n'ont pas été bien définis. On a pensé que les structures lymphoïdes associées aux intestins, tels les plaques de Peyer et les ganglions mésentériques, étaient absolument nécessaires à leur production.
Le tissu intestinal non lymphoïde
Des chercheurs, dirigés par le Dr Yang-Xin Fu de l'université de Chicago, montrent que les souris privées de plaques de Peyer et de ganglions mésentériques sont tout à fait capables de fabriquer des IgA, pourvu que soit présent le signal de la lymphotoxine dans leur tissu intestinal non lymphoïde.
Ils ont étudié la souris déficiente en lymphotoxine (LT-/-) qui est caractérisée par l'absence de plaques de Peyer, de ganglions lymphatiques et de cellules dendritiques folliculaires. Elle représente ainsi un excellent modèle pour examiner le rôle joué par ces tissus lymphoïdes dans la production des IgA.
Tandis que ces souris mutantes présentent un déficit sévère en IgA, tant dans le sérum que dans le mucus intestinal, ce déficit disparaît 8 semaines après une greffe de moelle osseuse provenant de souris normales, malgré l'absence, chez ces souris mutantes, de tissus lymphoïdes intestinaux. Ainsi, « bien que cette étude n'exclue pas une participation importante des plaques de Peyer et des ganglions mésentériques dans la production des IgA, elle suggère que la membrane intestinale est capable d'induire indépendamment la production des IgA », notent les chercheurs.
Chimiokines et molécules d'adhésion
Ils ont constaté que les souris mutantes déficientes en LT ne manquent pas de précurseurs des cellules productrices d'IgA. Ces précurseurs sont capables de migrer dans la membrane intestinale chez les souris normales, mais non chez celles privées du récepteur pour la lymphotoxine (LT). En outre, les souris déficientes en LT, ainsi que celles déficientes en récepteur pour la LT, présentent des déficits en chimiokines et en molécules d'adhésion.
Ainsi montrent-ils que l'interaction entre la lymphotoxine et son récepteur est indispensable pour que soient exprimées, dans la membrane intestinale, les chimiokines et les molécules d'adhésion qui facilitent l'attraction des précurseurs IgA.
La membrane intestinale ( lamina propria) joue ainsi un rôle clé en recrutant les précurseurs d'IgA à partir de la cavité péritonéale et des autres compartiments et en facilitant leur développement en cellules productrices d'IgA. Cela devrait « guider les futurs développements de vaccins oraux efficaces et de stratégies pour induire la tolérance orale », concluent les chercheurs.
« Nature Immunology »,13 mai 2002, DOI: 10.1038/ni795
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