ENVIRON 20 % des Français de plus de 50 ans présentent des troubles mictionnels dus à une hypertrophie bénigne de la prostate.
La crainte du cancer est, chez ces patients, le principal motif de consultation, suivi par la peur de la rétention urinaire et de l’intervention chirurgicale, selon les résultats de l’enquête PROBE (2005). La réduction de la taille de la prostate viendrait en tête des attentes thérapeutiques des patients et l’effet secondaire au traitement le plus redouté concernerait l’impuissance, devant la réduction de l’activité sexuelle.
C’est dire, a précisé le Pr F. Desgrandschamps, le rôle important du médecin généraliste, premier contact avec le patient et principale source d’information. Il doit être capable de répondre avec efficacité à toutes les interrogations, y compris celles que le patient n’ose pas exprimer.
Il est admis que l’HBP ne dégénère pas en cancer.
L’incidence du cancer et celle de l’HBP augmentent toutes deux avec l’âge. Les deux pathologies peuvent coexister, mais il est admis que l’hypertrophie bénigne de la prostate ne dégénère pas en cancer, celui-ci se développant essentiellement dans la zone périphérique de la glande alors que l’adénome se situe dans la zone de transition. Bien qu’il soit classiquement décrit qu’un cancer de la prostate puisse être révélé par des troubles mictionnels, cette situation devient de moins en moins fréquente depuis l’utilisation du PSA dans le cadre du diagnostic précoce du cancer de la prostate, a rappelé le Dr A. de La Taille. Les troubles urinaires seraient plus souvent associés à l’HBP. Enfin, dans la très grande majorité des cas, l’augmentation du taux de PSA sérique est corrélée à la gravité de la maladie cancéreuse. Un bilan « prostatique » doit donc inclure un toucher rectal, une évaluation des troubles mictionnels et de la gêne générée, une échographie de l’appareil urinaire et un dosage sérique des PSA. En cas d’anomalies au toucher rectal et à l’échographie et de PSA élevé, les biopsies prostatiques sont à proposer car aucun autre examen biologique ou radiologique ne peut éliminer la présence d’un cancer.
Prévenir la progression des symptômes.
Le suivi de larges cohortes de patients sur plusieurs années a révélé le caractère progressif de l’HBP. Les enquêtes effectuées auprès des urologues (DUO) ont montré que cette progression, qui varie fortement d’un patient à l’autre, conditionnait fortement leurs décisions thérapeutiques. Des équipes ont développé des modèles prédictifs de probabilité de survenue d’événements ; Slawin et coll. ont mis au point un nomogramme visant à prédire ce risque (survenue de rétention d’urine ou nécessité de recours à la chirurgie) sur deux années, avec ou sans traitement par un inhibiteur de la 5 alpha-réductase.
Le comité des troubles mictionnels de l’homme de l’Association française d’urologie a également proposé un arbre décisionnel permettant non seulement de soulager les symptômes présents et d’améliorer la qualité de vie immédiate, mais aussi de prévenir la progression ou l’aggravation de la maladie.
La classe des inhibiteurs de la 5 alpha-réductase – parmi lesquels le dutastéride (Avodart) – a démontré son efficacité dans le traitement des symptômes modérés à sévères de l’HBP et pour réduire les risques de rétention aiguë d’urine et de recours à la chirurgie chez les sujets symptomatiques.
Entretiens de Bichat. Table ronde « Prise en charge de l’hypertrophie bénigne de la prostate, comment mieux répondre à l’attente des patients » organisée en partenariat avec le Laboratoire GlaxoSmithKline.
Pr F. Desgrandschamps, service d’urologie, hôpital Saint-Louis, Paris.
Dr A. de La Taille, service d’urologie, CHU Mondor, Créteil.
Dr R. O. Fourcade, service d’urologie, CH d’Auxerre, Auxerre.
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