UNE ETUDE américaine présentée par le Dr Chris Granger (Durham) au congrès de la Society of Clinical Care tend à prouver que la prise en charge des à-coups hypertensifs est inadaptée. Pourtant, le risque associé à cette pathologie est similaire à celui des syndromes coronariens aigus ou des insuffisances cardiaques aiguës. Plus grave encore, le suivi de ces patients après l'épisode aigu n'est pas effectué de façon adéquate alors que seul un traitement au long cours permet d'éviter les récidives cliniques.
Un à-coup hypertensif, défini comme un pic tensionnel supérieur à 180/110 mmHg, nécessite la mise en place en urgence d'un traitement par voie intraveineuse afin de faire descendre ces valeurs aux valeurs cibles de 140/90. Pour mieux analyser l'adéquation entre la prise en charge dans les services d'urgences et les recommandations des sociétés savantes, le Dr Chris Granger a analysé des données recueillies dans un registre (le registre STAT) qui avait pour but d'inclure 120 patients consécutifs présentant une poussée tensionnelle et admis dans l'un des services d'urgences de 25 grands hôpitaux sélectionnés. L'analyse présentée au cours du congrès qui s'est tenu à Honolulu a porté sur les 982 premiers patients du registre.
Dans les service d'urgences du sud des Etats-Unis, jusqu'à 25 % des patients présentaient des chiffres tensionnels imposant un traitement par voie intraveineuse. La moitié d'entre eux étaient d'origine afro-américaine, ils étaient âgés en moyenne de 58 ans, une grande majorité d'entre eux étaient connus comme hypertendus, un quart d'entre eux ne suivaient pas leur traitement et 30 % avaient déjà été hospitalisés en raison d'un à-coup hypertensif. La plupart des patients avaient été admis aux urgences en raison de signes cliniques qui pouvaient être directement liés à l'augmentation de la pression artérielle : douleur thoracique, dyspnée ou accident vasculaire cérébral (pour 30 % d'entre eux). Les urgentistes ont utilisés différents médicaments antihypertenseurs : labétalol, métoprolol, hydralazine, dérivés nitrés, nicardipine et nitroprussiate de sodium. Même en couplant ces traitements, le délai avant que la tension artérielle systolique ne devienne inférieure à 160 mmHg s'établissait en moyenne à 4 heures pour les patients ne présentant pas de signes d'hémorragie méningée. L'incidence des hypotensions réactionnelles était faible (4 %) et celle des récidives élevée (52 %). Chez les 92 patients souffrant d'hémorragie méningée, le délai d'obtention d'une pression artérielle systolique de moins de 160 mmHg s'établissait à 1,5 heure et 6,5 % des patients ont présenté des signes d'hypotension. En moyenne, les patients ont été traités par voie intraveineuse pendant une durée de 10,5 heures.
Enfin, 8 % des patients étaient décédés à 90 jours, 40 % étaient réhospitalisés.
Pour le Dr Granger, «le fait que plus de 60% de ces patients aient quitté l'hôpital sans rendez-vous de suivi avec un cardiologue est particulièrement préoccupant et il pourrait contribuer à expliquer l'incidence élevée des réhospitalisations ».
37th Critical Care Congress of the Society of Clinical Care Medicine, Honolulu, 2 au 6 février 2008.
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