CONGRES HEBDO
La prise en charge de l'asthme n'est pas satisfaisante en France. C'est le constat que formule le Pr Philippe Godard en s'appuyant sur des indicateurs épidémiologiques comme les chiffres de mortalité communiqués par l'INSERM qui sont désespérément stables avec un nombre de décès en France estimé à 3,5 pour 100 000 contre 2,7 en Grande-Bretagne. Alors que paradoxalement les dépenses de médicaments augmentent et que ces médicaments sont de plus en plus efficaces.
Deuxième constat non moins inquiétant : les hospitalisations qui stagnent dans notre pays et ont même tendance à augmenter en Ile-de-France.
C'est la conclusion de l'enquête AZUR réalisée aux urgences chez 4 000 malades (1) sous la houlette de Sergio Salmeron et publiée récemment dans le Lancet qui montre que 50 % des asthmatiques vus aux urgences sont hospitalisés. « Il faut se fixer comme objectif de diminuer ce pourcentage à 35 ou 40 %, insiste le Pr Godard . Pour cela, il faudrait, premièrement, protocoliser davantage les soins aux urgences, deuxièmement, favoriser le suivi en amont des malades à risque et troisièmement, améliorer l'éducation thérapeutique des patients après leur hospitalisation.
Ce travail de Sergio Salmeron va se prolonger par une enquête AZUR 2 visant justement à établir des protocoles précis de prise en charge aux urgences et qui devraient apporter un bénéfice aux malades et à terme une meilleure prise en charge. »
Enfin, des données de la Caisse d'assurance-maladie, des enquêtes menées par des médecins dans différentes régions françaises, à Grenoble, à Bordeaux, l'enquête européenne ISAAC, ainsi que le rapport du CREDES publié en février 2001 sur « l'état de l'asthme en France par niveau de sévérité » aboutissent aux mêmes conclusions, plutôt pessimistes, concernant la prise en charge de l'asthme en France.
Pour tenter de remédier à cette situation, l'ANAES (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé) a publié en 2001 des recommandations pour la pratique clinique concernant l'éducation thérapeutique du patient asthmatique (lire encadré), disponibles sur leur site Internet (2). La prise en charge de l'asthmatique y est recadrée, et aborde notamment l'approche médicamenteuse, le contrôle de l'environnement du patient et l'éducation thérapeutique, surtout chez les asthmatiques sévères. Ces recommandations soulignent dans leur ensemble l'importance du partenariat ou du contrat, passé entre chaque patient et son médecin, qui responsabilise les uns et les autres.
Obésité et asthme
« Un nouvel élément à prendre en compte à l'heure actuelle est le rôle de l'obésité dont la prévalence augmente dans la population générale, et qui représente un facteur de risque non négligeable dans l'asthme. Par ailleurs, on constate que plus l'asthme est sévère, plus les asthmatiques sont gros, précise le Pr P. Godard . La perte de poids pourrait donc certainement améliorer la fonction respiratoire des asthmatiques en surpoids. »
Le but du plan Kouchner dans l'asthme est bien sûr d'améliorer sa prise en charge par des actions précises dans différents secteurs : éducation thérapeutique, accueil des asthmatiques aux urgences, mais aussi gestion de l'asthme professionnel dont on sait, grâce à l'ONAP (Observatoire national des asthmes professionnels), qu'il est sous-déclaré dans notre pays.
D'après un entretien avec le Pr Philippe Godard, CHU Montpellier
(1) S. Salmeron et coll., Asthma severity and education management in emergency prospective study
Lancet 2001, 358, 629-635
(2)www.anaes.fr
L'éducation thérapeutique du patient
Comme le rappelle un des chapitres des recommandations publiées par l'ANAES (2), l'éducation thérapeutique doit amener le patient à acquérir les compétences suivantes :
- connaître l'action des médicaments et les principaux mécanismes de l'asthme ;
- utiliser correctement un aérosol-doseur standard (éventuellement avec une chambre d'inhalation) ou autodéclenché ou un dispositif de poudre ; - interpréter la valeur observée du DEP et les symptômes ressentis pour se situer dans l'une des trois zones d'autogestion du traitement ;
- adapter son traitement en tenant compte du plan de traitement écrit et défini avec le médecin, en cas d'exacerbation ;
- adapter son traitement en fonction des risques présents dans son environnement personnel, social et lors d'un changement de contexte :
- expliquer à son entourage la maladie et la conduite à tenir lors d'une crise d'asthme ;
- sélectionner les informations utiles concernant sa maladie et son traitement (revues, magazines, Internet).
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