De notre correspondante
Vu le nombre très élevé de participants à cette journée de rencontres, la lutte contre la douleur est manifestement une préoccupation quotidienne pour de nombreux soignants. De moins en moins tolérée dans nos sociétés, la douleur est souvent vécue comme un échec par les équipes soignantes. « Aujourd'hui, il y a presque une obligation d'homme sans douleur. Or toutes les douleurs ne cèdent pas aux traitements médicamenteux », souligne le Pr Serge Blond, neurochirurgien au CHRU de Lille.
Pour les douleurs de la maladie cancéreuse, par exemple, seulement 80 à 85 % des patients peuvent être soulagés par l'utilisation de la morphine. Pour les autres, il faut parfois recourir à la neurochirurgie.
Dans tous les cas, l'approche de la douleur est complexe car liée à de nombreux facteurs. « La perception de la douleur peut être amplifiée par une expérience douloureuse antérieure ou une vision très négative de sa maladie par le patient. Ces éléments peuvent majorer considérablement le handicap lié à la douleur », remarque le Dr Bruno Veys, praticien au centre héliomarin de Berck, qui insiste sur la nécessité d'une prise en charge globale de la douleur chronique, à la fois biologique et psychosociale. « Il n'existe pas d'échelle pour quantifier le handicap engendré par la douleur. Il est nécessaire de consacrer beaucoup de temps et d'entretiens psychologiques pour limiter le retentissement social d'un tel handicap sur la vie du patient. »
Face à la douleur cancéreuse, l'approche est également pluridisciplinaire et l'écoute du patient occupe une large place. « Mais la prise en charge demeure insuffisante, estime le Dr Jacques Meynadier, du centre anticancéreux Oscar-Lambret, de Lille. Une étude récente a montré que sur 600 patients interrogés le jour de leur entrée en centre anticancéreux, 57 % souffraient de douleurs, et 30 % n'avaient pas de prise en charge thérapeutique pour cette douleur. Dans le Nord - Pas-de-Calais, l'incidence des cancers des VADS atteint un record mondial, et les besoins dans le domaine de la douleur sont donc considérables. Or le déficit de densité médicale reste très élevé. »
Manque de moyens, manque de formations également : « La douleur n'étant inscrite au programme des facultés de médecine que depuis deux ans, il faudra attendre de quatre à cinq ans pour voir arriver sur le marché du travail des médecins formés. »
Si la prise de conscience est aujourd'hui générale, sur le terrain l'information du public et des équipes soignantes exerçant dans les établissements demeure le maillon faible du dispositif.
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