Comme on pouvait s’y attendre, le cannabis s’est invité dans la campagne électorale. Et la polémique n’a pas été allumée par les Verts depuis longtemps favorables à la dépénalisation, mais par les socialistes. C’est une interview de Martine Aubry au site d’information «Rue 89» qui a mis le feu... au joint ! L’ex-première secrétaire du PS s’y est prononcé pour la dépénalisation de l'usage du cannabis mais accompagnée d'un renforcement des sanctions sur les trafiquants. «Je suis pour la dépénalisation, expliquait-elle. Mais je pense que tant qu'on n'aura pas pénalisé réellement de manière extrêmement forte ceux qui sont dans les trafics, ceux qui s'enrichissent du cannabis, il est difficile de le légaliser». Malgré la prudence de la formulation, les propos de la candidate aux primaires socialistes ont déclenché les foudres de la majorité. A commencer par Xavier Bertrand qui s’est dit jeudi scandalisé par les propos de Mattine Aubry et voit dans ce «revirement» de la candidate à la primaire socialiste «une preuve de laxisme du PS sur une question aussi essentielle».
C’est dans ce contexte, que s’est ouvert jeudi soir le premier débat entre candidats à la primaire socialiste organisé par France 2. L’un d’entre eux, Jean-Michel Baylet (PRG) a relancé le débat sur la dépénalisation, en allant beaucoup plus loin que Martine Aubry. «La dépénalisation ne règle rien quant au problème de santé publique qui est la conséquence de la vente de cannabis de mauvaise qualité et quant au problème des dealers qui hantent nos villes, les cages d'escaliers des immeubles. La légalisation du cannabis va plus loin», a-t-il plaidé. Et d’insister sur les avantages de la formule : «Ca veut dire premièrement qu'on met fin au trafic et aux dealers qui créent l'insécurité dans tellement d'endroits, et deuxièmement le cannabis est en vente en pharmacie, c'est sous contrôle et ça permet d'être un peu plus sérieux en matière de santé publique.»
Sur le sujet, il s’est s'attiré de vives répliques d'Arnaud Montebourg, Manuel Valls et François Hollande. Le premier s'est dit «fermement opposé à toute forme de libéralisation de la consommation du cannabis». Qualifiant l'argument de Jean-Michel Baylet d’«absurde.» Dans la foulée, Manuel Valls s'est affiché «fermement opposé, au nom même des valeurs de gauche, à l'idée que je me fais de l'ordre républicain et de la liberté de chacun, à toute concession dans ce domaine». «Est-ce qu'on sait de quoi on parle? Les ravages de la drogue sur des jeunes, des gamins, dès le collège (...). Ca commence souvent -pas automatiquement- par ce type de consommation, par cette économie souterraine qui mine nos quartiers», a poursuivi le député maire d’Evry. De son côté, François Hollande, tout en plaidant pour un changement de la législation et «une grande campagne d'information» sur toutes les drogues, a appelé à «maintenir l'interdit.»
Plus tôt dans l'émission, Jean-Michel Baylet avait lancé le débat sur une autre question de santé et de société: la dépénalisation de l’euthanasie. Le président du Parti radical de gauche (PRG) juge en effet nécessaire d'instaurer le droit de mourir dans la dignité : «Il y a 40 ans, on a reconnu le droit à la vie avec les grandes lois d'avortement de Simone Veil. Aujourd'hui soyons capable de reconnaître le droit à mourir dans la dignité.»
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