« Un bon système de santé ne s’évalue pas seulement à sa capacité à guérir les maladies ; il doit également savoir les prévenir en amont. C’est en prévenant les risques que nous pouvons garantir une bonne santé aux Français. Voilà pourquoi je veux faire de la prévention une priorité », a expliqué Marisol Touraine en présentant à la mi-octobre son projet de loi santé.
La ministre de la santé était d’abord très attendue sur les mesures visant à simplifier l’information nutritionnelle pour les consommateurs. Depuis plusieurs mois, des nutritionnistes et des médecins de santé publique militent pour l’instauration d’un code couleur, facile à identifier pour choisir les aliments. Mais cette mesure est vivement combattue par les industriels de l’agro-alimentaire.
Dans son texte, Marisol Touraine reste prudente. Le projet de loi pose le principe d’une information nutritionnelle synthétique, simple et accessible par tous. Mais il prévoit que cette information sera mise en place par les industriels sur la base du volontariat. Et la ministre, pour l’instant, n’évoque pas les codes couleurs, se contentant d’indiquer que les modalités pratiques de cet « affichage visuel » seront élaborées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
Le texte souhaite aussi s’attaquer au binge drinking. « Il faut mettre fin à l’image sympathique de l’ivresse qui fait tant de mal aux jeunes. Trop de soirées se transforment en beuveries, avec les conséquences sur la santé que nous connaissons », a souligné Marisol Touraine, qui souhaite interdire la vente de tout objet (coque de smartphone, tee-shirt) « valorisant » l’ivresse. Le texte prévoit aussi des sanctions contre les organisateurs de bizutage qui inciteraient à une consommation excessive d’alcool. Ces mesures ont été plutôt bien accueillies par les alcoologues même si certains regrettent que le texte ne prévoit pas de mesures pour prévenir la consommation excessive chez les adultes.
Autre priorité : la lutte contre le tabagisme. Le projet de loi prévoit de faire voter par amendement les mesures législatives du programme national de réduction du tabagisme, présenté en septembre : paquets neutres, interdiction de fumer en voiture en présence d’enfants ou dans les espaces de jeux pour enfants, encadrement de la publicité pour les cigarettes électroniques, mise en place d’un fonds dédié aux actions de lutte contre le tabagisme.
Le texte souhaite aussi engager une politique de prévention en faveur de ceux « qui sont le plus éloignés du système de santé ». Une première piste porte sur le développement des tests rapides d’orientation diagnostiques (TROD) et des auto-tests de dépistage de MST, notamment le VIH/sida. Mais la mesure le plus controversée est l’expérimentation des « salles de consommation à moindre risque », que les médias désignent en général sous le terme de « salles de shoot ». L’objectif est d’expérimenter pendant six ans ces dispositifs permettant aux usagers de drogues d’injecter leurs produits dans un cadre sécurisé pour prévenir tout risque infectieux. L’idée est aussi de faire de la prévention et de la réduction des risques. Mais il est encore difficile de savoir si ces expérimentations pourront vraiment être instaurées tant le sujet suscite un débat enflammé au niveau politique et, comme on a pu le voir avec le projet près de la gare du Nord à Paris, l’inquiétude des riverains.
Enfin, le texte prévoit de la création d’un Institut national de prévention, de veille et d’intervention en santé publique, qui serait issu de la fusion de l’INPES, de l’InVS et de l’EPRUS.
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