DEPUIS la généralisation du vaccin conjugué antihaemophilus b, le pneumocoque est devenu la première bactérie des pneumonies, bactériémies, septicémies et des méningites chez l'enfant de moins de 2 ans. Concernant les méningites purulentes, les données de l'observatoire national des méningites bactériennes montrent que dans cette tranche d'âge le pneumocoque arrive en tête devant le méningocoque et que la mortalité des enfants atteints de méningite à pneumocoque est plus élevée que celle de ceux atteints de méningite à méningocoque ; de même, la morbidité est plus importante avec des séquelles neurologiques et cognitives au long cours (la première cause de surdité acquise de l'enfant). Le fait que l'on observe une augmentation des cas de méningites à pneumocoque dès l'âge de 3 mois peut s'expliquer par la perte des anticorps maternels et par la socialisation des enfants. Les experts recommandent donc de débuter la vaccination contre les infections invasives à pneumocoque dès l'âge de 2 mois (co-administration possible en deux sites différents avec les autres vaccins pédiatriques), avant de réaliser les premières injections de vaccin hépatite B.
Immunogène dès l'âge de 2 mois.
En comparaison avec le vaccin polysaccharidique, le vaccin pneumococcique conjugué présente l'avantage d'être immunogène dès l'âge de 2 mois, d'induire une mémoire immunitaire et d'agir sur le portage des souches de pneumocoque. Disponible depuis 2001, Prevenar est remboursé depuis décembre 2002 pour les enfants de 2 mois à 2 ans appartenant aux populations à risque : enfants atteints d'une affection les exposant à un risque élevé d'infection invasive à pneumocoque (drépanocytose, splénectomie, infection à VIH, déficit immunitaire, cardiopathie, pneumopathie chronique, brèche cérébro-méningée, diabète) ou enfants exposés à un ou des facteurs de risque liés aux modes de vie (enfants gardés plus de quatre heures par semaine en compagnie de plus de deux enfants en dehors de la fratrie, ceux ayant reçu moins de deux mois d'allaitement maternel ou appartenant à une fratrie d'au moins trois enfants d'âge préscolaire). En réalité, il s'agit de la majorité des enfants de moins de 2 ans, estime le Dr R. Cohen (Créteil). Ce vaccin conjugué contient 7 sérotypes (les plus fréquents aux Etats-Unis et également en France) qui sont responsables de 85 % des méningites pneumococciques de l'enfant et couvrent plus de 80 % des souches de pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline. Une grande étude conduite chez 38 868 nourrissons en Californie a démontré l'efficacité de Prevenar (97,4 % d'efficacité vis-à-vis des sérotypes vaccinaux).
Baisse des pneumococcies invasives.
Et la surveillance aux Etats-Unis depuis la généralisation de ce vaccin en 2000 a montré une baisse importante des pneumococcies invasives chez les nourrissons (60 % de la première année, 90 % dès la deuxième année), sans augmentation significative des infections liées aux sérotypes non vaccinaux. En outre, on a observé une diminution de ces infections chez les sujets non vaccinés à savoir les enfants plus grands (> 5 ans) et les adultes, avec une réduction globale de 18 % et atteignant 58 % chez les 20-39 ans.
La bonne tolérance de Prevenar est confirmée par le recul de 60 millions de doses distribuées dans le monde et de plus de 2 millions de doses délivrées en France. Comme avec tous les vaccins, on relève dans environ 10 % des cas des troubles généraux et des réactions au site d'administration (l'injection intramusculaire est souvent douloureuse, rapportent les praticiens), mais aucun effet grave. Quant au schéma vaccinal, plus les enfants sont âgés, moins ils ont d'injections : 3 injections de 2 à 6 mois et 2 injections de 7 mois à 11 mois avec un rappel au cours de la deuxième année ; entre 12 et 23 mois, les enfants encore non vaccinés recevront uniquement la primovaccination. « Au-delà de la prévention des infections systémiques, la vaccination antipneumococcique semble présenter un ensemble d'effets dont la diminution d'otites résistantes aux antibiotiques. Les chiffres des enfants vaccinés observés chez les pédiatres utilisant le vaccin est passé de 4 % en 2001 à près de 80 % en 2004 », indique le Dr R. Cohen.
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