Comment maintenir la qualité de son squelette ? A l'évidence, l'alimentation - et notamment les apports en calcium - joue un rôle prépondérant dans le maintien de la qualité de l'os. Même si le calcium per os n'augmente pas à lui seul la densité minérale osseuse, il protège l'os en évitant d'avoir à utiliser le calcium osseux pour maintenir la stricte homéostasie du calcium intracellulaire. En Europe, on fixe les apports recommandés en calcium à 900 mg/j chez l'adulte et à 1 200 mg/j après 55 ans. Or de 30 à 50 % des Français en consomment moins de 800 mg/j et ce chiffre va en s'aggravant avec le vieillissement de la population. La principale source de calcium est bien sûr représentée par les produits laitiers : lait, produits transformés frais et fromage. Les fromages les plus riches ont aussi la concentration en calcium la plus élevée. Trente grammes de fromages à pâte dure (émenthal, comté...) apportent ainsi 350 mg de calcium alors que le fromage frais de chèvre en amène dix fois moins. En outre, les fromages représentent une source appréciable de protéines et l'on sait que la carence protéique, source de fonte musculaire, favorise les chutes et donc les fractures. En cas d'intolérance ou d'interdit médical (hypercholestérolémie notamment), les produits laitiers à 0 % de matières grasses sont une alternative parfaitement intéressante puisque leur teneur en calcium est identique aux produits plus riches en graisse. Enfin, il faut savoir que certaines eaux minérales (Contrex, Hépar, Talians, Courmayeur...) contiennent jusqu'à 600 mg de Ca++ par litre, soit la moitié des apports recommandés quotidiens. On les conseillera donc de façon plus véhémente encore en cas d'intolérance digestive ou psychique aux produits laitiers, tant on sait qu'il est difficile d'infléchir les habitudes alimentaires particulièrement stables tout au long de la vie pour ce qui concerne le lait et ses produits dérivés.
Si les recommandations en matière d'apports en calcium doivent être aussi larges et précoces que possible, la supplémentation en vitamine D s'adresse en premier lieu aux personnes âgées institutionnalisées. Il faut savoir qu'une exposition de dix minutes au soleil du visage et de la paume des mains suffit en effet à garantir un taux correct de vitamine D. La supplémentation ne sera donc pas systématiquement indiqué chez une personne active au régime alimentaire équilibré, fût-elle âgée.
Thé et exercice physique
Le café, quant à lui, semble avoir un effet délétère sur l'os surtout chez le sujet jeune. Le thé, en revanche, par les phytoestrogènes assez proches pharmacologiquement du 17-ß estradiol qu'il contient, serait dénué de cette action néfaste et pourrait au contraire être recommandé si l'on se permettait d'extrapoler à la femme ménopausée des résultats encourageants obtenus chez la rate ovariectomisée nourrie au soja, lequel contient les mêmes phytoestrogènes que le thé.
La synthèse des effets de l'activité physique considérée au sens large sur la santé de l'os est difficile à extraire d'une série d'études qui, toutes, envisagent un type précis d'exercice et de mesure de la densité osseuse. On peut toutefois tenter d'en dégager certains enseignements. Il apparaît utile de privilégier les exercices entraînant des impacts relativement intenses produits au cours d'efforts brefs et répétés. Le « step », le sautillement sur place, le tennis sont certainement des éléments à conseiller à la femme jeune fraîchement ménopausée qui voit ainsi ses os stimulés par des compressions et des tractions sur les zones d'insertion musculo-tendineuses. En somme, les femmes sportives doivent le rester : leur perte osseuse, mesurée sur la hanche et le rachis, s'en trouve ralentie. On peut par ailleurs proposer aux femmes sans attirance spontanée pour l'activité physique des exercices dynamiques contre résistance qui stimulent certains sites osseux. On a ainsi démontré qu'un travail quotidien des psoas - obtenu par une soixantaine de fléchissements de la cuisse sur le bassin contre le poids d'un petit sac de sable de 4 à 6 kg - réduit significativement la perte osseuse lombaire. Cet exercice peut bien sûr se décliner sur de nombreux autres sites osseux : mouvements de prono-supination contre résistance pour le travail du poignet, etc. La marche à un rythme soutenu durant 40 à 60 minutes trois fois par semaine permet également d'augmenter la densité osseuse de la hanche.
La prévention de l'ostéoporose doit-elle commencer pendant l'enfance ou l'adolescence ? Si la densité osseuse est avant tout déterminée à cet âge par des facteurs génétiques et morphologiques, il n'est pas inutile d'insister sur le fait que manger assez de produits laitiers et faire suffisamment de sport est la meilleure façon de garantir un squelette solide. Mais il est peut-être illusoire de vouloir faire passer à un adolescent rebelle un message de prévention qui ne portera ses fruits que cinquante ans plus tard. Une affirmation telle que « la densité osseuse est comme un compte en banque que l'on gère toute sa vie mais que l'on ne remplit qu'une fois » semble cependant de nature à marquer quelques jeunes esprits...
Chat dans les jambes et cor au pied
Le second volet de ce développement a trait à la prévention des chutes qui s'attachera tout d'abord à dépister trois ordres de facteurs de risque. Le premier concerne les facteurs extérieurs au malade : son environnement immédiat, son habitat, l'encombrement de sa chambre à coucher, la présence d'un animal domestique susceptible de le faire trébucher, le tapis qui glisse, le mauvais éclairage, etc. Le second est celui des effets iatrogènes : prise de somnifères, anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques, antihypertenseurs, diurétiques, digitaliques, etc. Le troisième rassemble les facteurs intrinsèques : pathologies neurologiques (Parkinson, séquelles d'AVC, neuropathie périphérique, démences, troubles cognitifs, troubles vestibulaires, troubles visuels...), coxarthrose, troubles de la statique rachidienne, faiblesse musculaire, voire banal cor au pied....
Autant de facteurs de chute qu'il faut savoir dépister et, autant que faire se peut, corriger. On a pu en effet montrer que certains facteurs de chute avait un poids équivalent à celui de la fragilité osseuse dans le déterminisme des fractures.
L'ultime recours est le protecteur de hanche qui a fait la preuve de son efficacité chez les sujets en institution, entourés toutefois d'un personnel motivé qui doit s'assurer que ces dispositifs soient régulièrement et correctement portés.
D'après un entretien avec le Dr Xavier Deprez, centre hospitalier de Valenciennes.
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