Une enquête dans quatre pays européens chez des femmes ménopausées

La prévention cardio-vasculaire par statine

Publié le 18/02/2004
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SI « un Homme sur deux est une femme », la recherche scientifique ne respecte pas toujours cette parité. Ainsi, les grandes études de prévention des maladies cardio-vasculaires sont essentiellement menées chez les hommes, n'incluant au mieux que 10 à 20 % de femmes. De ce fait, la prise en charge thérapeutique des femmes repose le plus souvent sur des constats effectués chez les hommes et extrapolés aux femmes. Or, sur le plan cardio-vasculaire aussi, la femme n'est pas un homme comme les autres !
Les femmes sont plus protégées que les hommes sur le plan cardio-vasculaire dans la première partie de la vie seulement. L'arrivée de la ménopause bouleverse ce constat. L'incidence de la maladie coronarienne n'augmente qu'à partir de la tranche d'âge 50-54 ans, ce qui correspond à l'âge moyen de la ménopause ; elle rejoint l'incidence observée chez les hommes de 65 ans. Sont en cause notamment : les hausses progressives et significatives du taux de cholestérol total et du LDL cholestérol accompagnées d'une baisse du HDL cholestérol. Les femmes deviennent alors aussi fragiles, voire plus fragiles, que les hommes face aux maladies cardio-vasculaires.

Le nombre de décès augmente.

De plus, l'émergence de nouveaux facteurs de risque chez des femmes jeunes, tels que le tabagisme, l'obésité, la sédentarité, le stress, l'hypercholestérolémie, augmente le nombre de décès par maladies cardio-vasculaires chez les femmes. Aux Etats-Unis, il dépasse maintenant celui des hommes (2002, Heart and Stroke Statistical Update, AHA).
Les femmes semblent pourtant de meilleures candidates que les hommes pour s'impliquer dans une réelle démarche de prévention, mais il faut leur en donner les moyens, et moins d'un tiers d'entre elles affirment que le problème a été abordé lors d'une consultation.
Comment prévenir les maladies cardio-vasculaires chez les femmes ménopausées ? Pour la première fois en Europe, des médecins se mobilisent à travers quatre pays : la France, la Belgique, les Pays-Bas et l'Italie. Ainsi, dans l'étude Cashmere (Carotid Atorvastatin Study in Hyperlipidemic post-Menopausal Women), d'une durée d'un an, 800 femmes ménopausées ayant une hypercholestérolémie modérée et ne recevant pas de traitement hypocholestérolémiant vont être suivies.

Quatre groupes de femmes.

L'étude Cashmere est gérée par un comité scientifique, dont le président est le Pr P. Jaillon, et un comité technique. Le Dr T. Simon est le coordinateur international de l'étude. Dans cet essai randomisé, les femmes seront réparties en quatre groupes. Un premier groupe recevra un traitement par statine et un second groupe, un placebo. Afin de tenir compte du fait qu'une femme ménopausée sur trois suit un traitement hormonal substitutif, un troisième groupe sera sous traitement substitutif seul (THS) et un quatrième groupe, sous les deux traitements (statine + THS). Ces femmes devront respecter un régime alimentaire pauvre en graisses et leur profil lipidique sera suivi pendant toute la durée de l'étude. Elles seront suivies régulièrement par des équipes médicales, afin d'évaluer l'efficacité préventive d'un traitement par une statine associée ou non à un THS, sur le risque cardio-vasculaire. Des méthodes d'évaluation très performantes non invasives et indolores seront utilisées pour mesurer et comparer les effets des traitements. Les résultats définitifs de cette étude internationale sont attendus en 2006.

Conférence de presse organisée par les Laboratoires Pfizer, à laquelle participaient les Prs S.-M. Consoli (hôpital européen Georges-Pompidou), E. Bruckert (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris) et P. Jaillon (CHU Saint-Antoine, Paris ), le Dr T. Simon (CHU Saint-Antoine, Paris).

> Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7481