MIS EN PLACE en 1989, l'Erpurs est un programme qui a pour objectif l'évaluation des effets de la pollution atmosphérique urbaine sur la santé en Ile-de-France. La dernière publication de ces travaux avait permis de mettre en évidence des liens à court terme entre qualité de l'air, mortalité et admissions hospitalières (« le Quotidien » du 5 mars 2003). Le nouveau rapport Erpurs analyse les liens entre les niveaux de pollution particulaire (due principalement à la circulation routière) et les visites médicales à domicile réalisées par SOS-Médecins pour des affections des voies respiratoires supérieures et inférieures. « Cet indicateur d'activité médicale est potentiellement plus sensible et plus spécifique aux variations des niveaux de pollution, puisque les raisons de recours à ces visites sont de moindre gravité que les admissions hospitalières ou les décès », indique Agnès Lefranc, chargée de mission pour l'Erpurs.
L'autre originalité de ce travail est qu'on a étudié, en plus des effets sanitaires à très court terme (0-3 jours) habituellement mesurés, les effets sanitaires à court terme, qui vont jusqu'à quinze jours de délai entre l'exposition à la pollution atmosphérique et l'événement sanitaire. Agnès Lefranc précise que « ce délai de quinze jours montre que ce ne sont pas seulement des personnes déjà extrêmement fragilisées, qui auraient de toute façon eu recours aux visites médicales en urgence dans un délai proche, qui ont été affectées par la pollution atmosphérique ».
L'étude, qui a été réalisée sur la période 2000-2003, concerne Paris et trois départements de proche couronne : Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne. Selon les résultats obtenus, l'augmentation de 10 μg/m3 des niveaux journaliers de pollution particulaire (PM10) est associée, à très court terme, à une augmentation de 3 % du nombre d'appels reçus par SOS-Médecins pour des pathologies des voies respiratoires supérieures ou inférieures. A court terme, cette augmentation est de 8,7 % pour les appels concernant des pathologies des voies respiratoires supérieures ou inférieures et de 4,9 % pour les appels concernant des pathologies des voies respiratoires supérieures.
Les dangers des particules très fines.
« L'étude montre que les risques sanitaires associés aux variations des particules très fines (PM2,5) sont plus élevés que ceux constatés pour les particules PM10 », ajoute Agnès Lefranc. En revanche, aucun lien n'a pu être mis en évidence entre l'asthme et la pollution atmosphérique. Ce constat, expliquent les auteurs de l'étude, pourrait s'expliquer par le faible nombre d'appels reçus par SOS-Médecins pour cette pathologie.
Dans l'ensemble, les résultats concernant les effets sanitaires de la pollution atmosphérique particulaire sont cohérents avec ceux observés lors d'autres études : « En dehors même de tout épisode exceptionnel de pollution, il existe des liens significatifs entre les niveaux de particules et la santé », notent les auteurs qui soulignent « la dangerosité des particules les plus fines et la persistance d'effets de la pollution atmosphérique particulaire au-delà des trois jours suivant l'exposition ». Et de rappeler qu'une diminution, même faible, du niveau de pollution particulaire se révélerait « bénéfique pour la santé ».
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