Le rapport était attendu depuis la loi dite « James Zadroga 9/11 » de 2010, du nom d’un officier de la police de New York mort d’une maladie des poumons à 34 ans après avoir participé au nettoyage du site. Dans le cadre de cette loi, des évaluations régulières sont prévues afin de déterminer les maladies qui donnent droit à indemnisation. Le rapport publié par le ministère de la Santé (Department of Health and Human Services), les CDC (Centers of Disease Control and prevention) et l’Institut national de la sécurité et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health) est le premier à évaluer le risque de cancer.
La destruction des tours jumelles « a entraîné un nuage de poussière contenant un mélange complexe et unique d’agents chimiques et de particules auxquels ont été exposés un grand nombre de travailleurs et d’habitants », indique-t-il. Si « les niveaux d’exposition dans les premiers instants de l’explosion ne seront jamais connus », le rapport évalue à 287, le nombre d’agents chimiques contenus dans les poussières et décombres, provenant notamment de la combustion des 91 000 litres d’essence, 100 000 tonnes de débris organiques, 490 000 litres d’huile contenus dans les avions auxquels il faut ajouter l’essence, le diesel et l’huile des voitures dans les sous-sols des deux bâtiments, les particules de ciment, de verres, de métal, de silice, d’amiante, de dérivés organochlorés, de dioxines. Certaines de ces substances sont classées dans la catégorie des substances cancérogènes pour l’homme.
Un manque de données.
Le rapport fédéral de 93 pages s’est appuyé sur différentes données et notamment une revue systématique de la littérature scientifique et médicale (du 11 septembre 2001 au 1er juillet 2011). Très peu d’études ont pour l’instant été publiées, soulignent-ils. L’une en 2009 (Moline 2009) mettait en évidence un risque élévé d’asthme et suggérait un risque possible de cancer, tandis que deux essais de modélisation (2005) ont conclu à un risque soit « peu élevé », soit « négligeable » de cancer. Le manque de données s’explique sans doute, indiquent les auteurs, par la longue période de latence entre l’exposition et la survenue des cancers.
« Il est important de souligner que l’absence de conclusion scientifique et médicale démontrant une association de cause à effet entre l’exposition aux poussières du 11 septembre et le cancer des survivants de ces attentats ne veut pas dire qu’il n’existe pas de cause à effet », précisent-ils.
Un prochain rapport, attendu dans le courant de l’année 2012, devrait agréger de nouvelles données.
Les pompiers et policiers new-yorkais estiment qu’un trop grand nombre de leurs collègues ont été atteints de cancer après le 11 septembre pour qu’il n’y ait pas de lien avec leur exposition aux fumées. Pour les associations de patients qui sont intervenues sur le site et qui luttent pour se payer des soins, l’enjeu est important : les coûts des traitements pour le cancer ne seront pas couverts par la loi. « Nous savons au fond de nous (...) que de nombreuses formes de cancers sont dues aux expositions sur le site », a réagi pour sa part dans un communiqué John Feal, un des participants au nettoyage à Ground Zero qui milite au nom des personnes aujourd’hui malades.
Des élus de la Chambre des représentants américaine Carolyn Maloney, Jerrold Nadler et Peter King, tous trois à l’origine de la loi « James Zadroga 9/11 », ont eux aussi adressé un communiqué où ils expliquent que le rapport « est une nouvelle très décevante pour les survivants et secouristes du 11 septembre à qui l’on a diagnostiqué un cancer suite aux attentats, car ils souffrent et attendent de l’aide ». Eux aussi affirment leur conviction : « L’effondrement des tours jumelles a laissé échapper un nuage de fumées toxiques et cancérogènes sur toute la partie sud de Manhattan et nous attendons aujourd’hui que les cancers résultant de ces fumées soient couverts par notre législation. »
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