Malgré les débats autour des différents types d'analyse, du changement de méthode en cours d’étude, et des résultats jugés « modestes », l'essai « thaï » RV 144** a montré que la combinaison de 2 vaccins (ALVAC-HIV suivi de AIDSVAC B/E – stratégie dite de « prime boost »), conçus il y a 10 ans et jugés inefficaces isolément, pouvait provoquer un effet sur la protection contre le HIV chez l’homme.
Retour sur l’étude « thaï »
« L’un des éléments importants de cet essai est la durée de protection de ce schéma vaccinal, prédominante la première année puis décroissante selon une courbe évoquant une possible mémoire immunitaire » a souligné le Pr Yves Lévy, directeur scientifique du programme vaccinal de l'Agence Nationale Française de Recherches sur le Sida et les hépatites virales (ANRS). Contrairement aux deux précédentes études menées à grande échelle en 2003 et 2007 (Aidvax et STEP), l'étude « thaï » incluait des sujets à risque modéré (28,4%) ou moyen (47,5%), avec un volet d'éducation préventive systématique. « L’étude STEP avait déjà été l’éclatante démonstration des enseignements à tirer des essais humains pour faire progresser la recherche », a rappelé le Pr Alan Bernstein, directeur de la Global HIV Vaccine Enterprise ». L'essai « thaï » soulève à son tour plusieurs questions qui seront utiles pour orienter les futures études, en terme de « design » de la population à inclure, de pistes sur les éléments impliqués dans la protection et la non-protection, et d’identification de corrélats entre réponse de l'hôte et protection. Malgré ses résultats modestes, cet essai, modèle d'effort collaboratif international, a surtout apporté la première preuve du concept qu’un vaccin contre le VIH, protecteur et bien toléré, est possible chez l’homme.
Des perspectives nouvelles
D'autres candidats vaccins sont à l'étude dans le monde, parmi lesquels ceux développés en France par l’ANRS ; les équipes étudient leur capacité à induire une réponse immunitaire cellulaire et humorale et cherchent à identifier et comprendre les réponses immunes innées pouvant avoir un rôle protecteur contre le VIH. D’autres recherches, en Angleterre et aux Etats Unis, ciblent les cellules dendritiques, avec l’objectif de développer un vaccin activant surtout des sous-populations de ces cellules. Pour le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, « à l’évidence, les cellules dendritiques sont des éléments clés, interfaces entre immunité innée et spécifique, qui modulent la réponse immunitaire dans telle ou telle direction ». Révélation corollaire de ces essais : l’apport incontestable des approches technologiques immunologiques nouvelles (marquage, TEP, RMN) qui évaluent de façon dynamique la réponse immunitaire.
La nécessité d’une volonté politique réelle
La recherche vaccinale contre le VIH poursuit donc ses efforts dans un cadre collaboratif international. Elle exprime aussi partout son besoin de moyens : « il faut renforcer l’engagement au niveau politique, tout particulièrement en Europe » a souligné le Pr Jean-François Delfraissy, président de la conférence AIDS Vaccine 2009 et directeur de l’ANRS.
**N Engl J Med., 20 octobre 2009.
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