Une étude a été menée chez des personnes souffrant à la fois d'apnées du sommeil et d'insuffisance cardiaque. Elle montre que la mise sous ventilation à pression positive continue (VPPC) pendant la nuit est un moyen non médicamenteux permettant d'améliorer significativement la condition cardiaque de jour comme de nuit. Ainsi concluent Yasuyuki Kaneko et coll. (Toronto), sur la base d'un essai réalisé pendant une période d'un mois.
Les 24 patients inclus avaient initialement une fraction d'éjection ventriculaire gauche inférieure à 45 %. Ils ont tous reçu un traitement médical approprié (diurétiques, IEC, digitaliques...) et ont été assignés au hasard soit à ne recevoir que ce protocole, soit à être mis, en plus, sous VPPC de nuit. Dans ce deuxième groupe, on constate, outre la réduction des apnées obstructives du sommeil, une diminution de 9 mmHg de la pression systolique (de 126 mmHg à 116 mmHg, p = 0,02), une réduction de la fréquence cardiaque de 68 à 64 battements par minute (p = 0,007) et une diminution du volume ventriculaire gauche télésystolique (p = 0,009) associée à une diminution de 3 mm des dimensions télésystoliques du ventricule gauche. Pendant ce temps, la fraction d'éjection ventriculaire gauche s'améliore également significativement, passant de 25 à 33,8 % (p < 0,001), soit une augmentation relative de 35 %.
Les effets cardio-vasculaires sont attribués par les auteurs au soulagement de l'apnée obstructive, avec amélioration de l'oxygénation artérielle.
L'ensemble des insuffisances cardiaques
« Ces résultats peuvent être élargis à des situations hémodynamiques similaires. C'est-à-dire qu'ils sont applicables à l'ensemble des insuffisances cardiaques, qu'elles soient d'origine ischémique ou non », précisent-ils.
Le sommeil normal s'accompagne d'une réduction de l'activité du système sympathique, avec diminution de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle et du débit cardiaque. Le syndrome d'apnée du sommeil provoque des périodes hypoxiques, avec une augmentation de la pression intrathoracique et des accès d'activité sympathique occasionnant des à-coups de tension artérielle et d'augmentation du rythme cardiaque. C'est l'ensemble de ce stress nocturne que la VPPC permet de soulager.
C'est ainsi que la VPPC nocturne pourrait constituer un moyen adjuvant non pharmacologique, à ajouter au traitement conventionnel, chez les insuffisants cardiaques souffrant de syndrome d'apnée du sommeil.
« New England Journal of Medicine », 27 mars 2003, 348 ; 13, pp. 1233-1241.
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