L'AGE, LE SEXE, les facteurs de risque cardiaques et la présence d'une douleur thoracique représentent les variables sur lesquelles on se fonde pour l'évaluation pronostique de la maladie coronaire. A cela devrait s'ajouter l'existence d'une dyspnée, facteur prédictif indépendant d'un risque de décès, selon l'analyse approfondie qu'a réalisée une équipe de Los Angeles (Aiden Abidov et coll.).
Les chercheurs se sont intéressés aux facteurs somatiques couramment ressentis dans la maladie coronaire, mais qui n'ont pas été intégrés dans des modèles prédictifs de survenue de complications. On trouve la fatigue, la dyspnée et les palpitations. La dyspnée est particulière, en ce sens qu'elle peut être le signe occulte d'un angor d'effort, d'une insuffisance ventriculaire gauche ou d'une maladie non cardiaque - bronchite chronique, emphysème -, voire être un « équivalent d'angor d'effort ».
PET-scan au thallium.
L'équipe d'Aiden Abidov a l'habitude, depuis des années, de faire remplir aux patients soumis à un PET-scan, avec ou sans épreuve de stress, un questionnaire détaillé sur leurs symptômes. Ce qui a pu donner lieu à l'étude (de janvier 1991 à mai 2000) d'une grande série de 17 991 patients devant subir un examen par PET-scan au thallium au repos et pendant un exercice pour une évaluation de la perfusion myocardique (recherche d'une insuffisance coronaire). Ces patients ont été divisés en cinq catégories : aucun symptôme, douleur thoracique non angineuse, angor atypique, angor typique et dyspnée.
Une analyse multivariée a servi à analyser la valeur de chacune des catégories de symptômes pour la prédiction du risque de décès.
Après un suivi moyen de 2,7 ans, « le taux de décès de cause cardiaque ou de toute autre cause est significativement plus élevé parmi les patients ayant une dyspnée, qu'ils aient une histoire de maladie coronaire établie ou non, que chez les patients ayant d'autres symptômes d'appel ».
La puissance de l'association est telle que : « Parmi les patients n'ayant pas d'antécédents connus de maladie coronaire, ceux qui ont une dyspnée ont un risque de mort subite multiplié par quatre comparativement aux patients asymptomatiques. » Et multiplié par deux par rapport aux patients ayant des douleurs thoraciques apparemment typiques d'insuffisance coronaire.
Enfin, la dyspnée est associée à une augmentation significative du risque de décès dans tous les sous-groupes de symptômes.
Cause cardiaque et toute cause.
Elle demeure une variable prédictive du risque de décès par cause cardiaque (p < 0,001) et pour toute cause (p < 0,001), après ajustements pour les facteurs potentiellement confondants.
« Ces résultats complètent des observations antérieures indiquant l'existence d'un lien entre la dyspnée et la maladie artérielle coronaire. » Dans une étude, Bergeron et coll. (Mayo clinic) ont trouvé que les patients dyspnéiques étaient plus âgés, avaient une capacité à l'exercice moins bonne, une fraction d'éjection ventriculaire gauche plus faible et plus souvent un antécédent d'infarctus du myocarde passé inaperçu. Une ischémie myocardique était décelée à la scintigraphie par thallium chez 42 % des patients du groupe dyspnée, contre 19 % de ceux du groupe douleurs thoraciques.
Dans un autre groupe de 11 000 patients, la dyspnée était le symptôme d'appel de l'insuffisance coronaire chez 8 % d'entre eux. Ils ont eu une évolution similaire à ceux souffrant d'angor typique, indique Thomas Marwick (Brisbasne, Australie), dans un éditorial.
La dyspnée pourrait signifier une évolution péjorative dans l'insuffisance coronaire en révélant une ischémie myocardique, une dysfonction ventriculaire gauche ou une obésité.
« New England Journal of Medicine », 3 nov. 2005, pp. 1889-1898 ; éditorial pp. 1963-1965.
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