Aide technique
La canne fait partie des aides techniques à la marche et peut se présenter sous différentes formes :
– la canne simple peut se décliner en « T » (ou Maginot), avec une poignée rectiligne, en arc de cercle, avec poignée recourbée, poignée de type allemand, fantaisie, etc. ;
– la canne « anglaise » permettant l’appui à l’avant-bras ;
– la canne tripode et quadripode, avec, donc, trois ou quatre pieds, permettant une augmentation de la base d’appui associée à un gain de stabilité ; généralement, elle est utilisée de façon unique ;
– la canne arthritique, avec gouttière, pour appui antibrachial et poignée réglable en longueur et inclinaison ;
– certaines cannes complexes, dont l’indication pour handicaps spécifiques fait l’objet d’une prescription par le médecin spécialiste en médecine physique et de réadaptation, le rhumatologue ou le chirurgien orthopédiste : moulage possible de la poignée (mains déformées, polyarthrite, amputation, brûlures, rétraction…) ; le moulage peut être indiqué pour soulager un point d’appui douloureux (vide en regard) ; l’appui s’effectuant essentiellement sur l’éminence thénar, il convient d’en indiquer le côté lors de la prescription ;
– les béquilles ou cannes axillaires, rarement utilisées en France, ont la forme d’un triangle à base supérieure, se plaçant sous l’aisselle. Elles peuvent notamment comprimer le paquet vasculo-nerveux lorsqu’elles sont mal utilisées ;
– la canne blanche, avec poignée en T ou courbe, voire télescopique, pour handicaps spécifiques visuels.
Nous passerons sur les différents types de canne siège, permettant surtout l’augmentation de l’offre plutôt qu’un gain de confort du patient, la canne devant être au premier chef une aide technique à la marche. Elle peut toutefois avoir un intérêt pour les patients présentant une claudication intermittente, à condition de vérifier sa stabilité.
Evidemment, ce dispositif se doit d’être de bonne qualité, avec en particulier une bonne adhérence au sol (caoutchouc), pour éviter à l’utilisateur de chuter ; une surveillance régulière de l’usure de l’extrémité doit être effectuée par le patient ou son entourage, avec remplacement, si nécessaire.
La dimension de la canne doit, en outre, être adaptée à chaque patient ; sa poignée doit se situer au niveau du grand trochanter (attention, en cas de changement de chaussures, une adaptation sera parfois nécessaire, avec cannes réglables en hauteur).
Indications
Hormis la postchirurgie orthopédique et traumatologique, où la rééducation à la marche avec appui progressif peut se faire à l’aide de différentes cannes, nous verrons l’ensemble des pathologies chroniques concernant la personne âgée entraînant la nécessité (éventuelle, selon le degré de l’atteinte) d’une aide technique à la marche.
Il est évident que le dessein recherché est d’éviter la chute de la personne âgée, responsable de nombreuses hospitalisations et associée à une morbi mortalité très importante. Elle joue également le rôle d’épargne articulaire (appui du poids sur la canne côté opposé au côté faible) dans le cadre de l’utilisation pour une pathologie osseuse.
1) Physiologie
Le vieillissement normal entraîne une modification de la marche et de l’équilibre par différents phénomènes :
– sarcopénie (diminution de la masse musculaire), avec diminution de la densité en fibres musculaires sur le plan histologique ;
– diminution de la vitesse de marche, avec augmentation de la phase d’appui et diminution de la phase oscillante ;
– marche par petits pas par diminution de l’amplitude de rotation du bassin et diminution de l’ensemble des amplitudes articulaires ;
– altération des fonctions cognitives ;
– altération des afférences sensitives : acuité visuelle, baisse de la sensibilité à la variation de la luminosité, diminution de la sensibilité profonde et modification de la fonction vestibulaire ;
– augmentation du temps de réaction ;
– baisse de l’attention.
L’ensemble de ces paramètres entraîne une marche « précautionneuse », associée à une réduction des activités physiques.
2) Pathologies
Les principales pathologies chroniques susceptibles d’entraîner un trouble de la marche et/ou de l’équilibre sont les maladies neurologiques centrales (séquelles d’accident vasculaire cérébral, maladie de Parkinson, hydrocéphalie à pression normale…) et périphériques (neuropathies, myélopathies…), les pathologies ostéo-articulaires (coxarthrose, gonarthrose, pathologies du pied et du rachis…), les pathologies musculaires (camptocormie, myasthénie, myopathies endocriniennes…).
D’autres affections modifient également la marche et l’équilibre : atteintes visuelles, altération de l’adaptation à l’effort : Bpco, insuffisance cardiaque… ; dénutrition ; baisse de la vigilance (iatrogénie par psychotropes, dépression…) ; syndrome postchute (stasobasophobie).
Cet ensemble non exhaustif de pathologies associé aux modifications physiologiques de la marche et de l’équilibre chez la personne âgée peut indiquer la prescription d’une canne afin de diminuer les risques de chute.
Il convient au médecin référent du patient d’évaluer le besoin de cette aide technique, par différents tests d’évaluation cliniques au cabinet (Romberg, équilibre unipodal, test de marche, test de Tinetti…), avec, bien sûr, suivi régulier afin de contrôler la légitimité de la poursuite de l’utilisation de celle-ci.
Modalités de prescription
Les cannes simples peuvent être prescrites par tout médecin généraliste ou spécialiste et, depuis le décret n° 2006-415 du 6 avril 2006, par les masseurs-kinésithérapeutes.
La canne est un dispositif médical à usage individuel qui est délivré à l’achat.
Elle fait partie de la liste des produits et prestations remboursables (Lppr) par l’assurance-maladie. Cette liste permet un remboursement sur une base forfaitaire, avec dépassement autorisé par le pharmacien.
Pour les patients bénéficiant de la couverture maladie universelle, le pharmacien se doit de présenter des cannes remboursées intégralement.
La prescription peut se faire sur une ordonnance simple ou une ordonnance bizone, avec notification écrite Lppr (de préférence).
Le patient est automatiquement remboursé de la base forfaitaire correspondant au code de la nomenclature (une étiquette est systématiquement associée au produit avec le code correspondant).
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