STRUCTURES hospitalières à part entière, les unités hospitalières sécurisées interrégionales (Ushi), prévues par la loi du 18 janvier 1994 visant à faciliter la prise en charge des malades incarcérés, s'inscrivent désormais dans un programme d'application. Quelque 303 lits, répartis en 8 unités, verront le jour en quatre ans, à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Rennes, Toulouse et Paris. La première de ces Ushi a été ouverte en Meurthe-et-Moselle. D'une capacité de 17 lits, elle reçoit des prisonniers, majeurs ou mineurs de plus de 13 ans, femmes ou hommes, souffrant de pathologies somatiques (non psychiatriques), pour des séjours d'une durée supérieure à 48 heures. L'hôpital de proximité reste compétent dans les autres cas.
Pour les détenus souffrant de maladie mentale, la loi d'orientation et de programmation pour la justice de 2002 prévoit la création d'unités hospitalières spécialement aménagées (Usha). Un groupe de travail interministériel a rendu un rapport en juillet 2003 concernant l'évaluation des moyens nécessaires et des besoins en nombre de lits d'hospitalisation, la localisation et le fonctionnement des Usha.
Une sécurité renforcée.
Pourvue de compétence médico-chirurgicale (cancérologie, infectiologie, polypathologies, etc.), l'Ushi nancéienne, réservée aux séjours d'une durée moyenne d'une semaine, fonctionne avec la coopération des personnels hospitaliers et pénitentiaires, mais aussi des policiers et des gendarmes. Elle dessert une population de 4 000 détenus, couvrant l'Alsace, la Lorraine et la Haute-Marne. L'admission se fait après demande du médecin, avec l'accord du malade et de l'établissement pénitentiaire. En sont exclus les prisonniers qui relèvent de réanimation ou de soins intensifs, les parturientes, les mères avec enfants, et les patients présentant à titre exclusif des pathologies psychiatriques.
La sécurité y est renforcée. Afin de lutter contre le nombre croissant des évasions lors des hospitalisations, 22 agents de l'administration pénitentiaire travaillent dans l'Ushi. Ils y assurent la surveillance des prisonniers malades et « concourent à la sécurité des personnes et des biens ». Les fenêtres de l'unité, traitées anti-effraction, sont équipées de barreaux. Les châssis vitrés intérieurs et extérieurs du poste de contrôle sont dotés d'un vitrage pare-balles. Les portes ont des serrures de sûreté. Une surveillance vidéo contrôle les façades extérieures, la terrasse, les mouvements intérieurs de l'Ushi ainsi que les issues. Enfin, une liaison radio est prévue entre le poste de contrôle central et le commissariat de police. Pour leur part, la gendarmerie et la police s'occupent respectivement des escortes entre la prison et l'hôpital (allers et retours) et de la sécurité extérieure de l'unité.
Les missions d'escorte médicale seront confiées aux personnels pénitentiaires dans le cadre d'une expérimentation conduite dans la région de Strasbourg à compter du 1er janvier 2005.
4,5 millions d'euros.
L'Ushi de Nancy dispose d'une surface de 1 103 m2, organisée sur deux niveaux. Le premier étage regroupe l'unité de soins et 17 chambres individuelles avec sanitaires. Y interviennent exclusivement les personnels hospitaliers et pénitentiaires chargés de la surveillance de l'unité. L'équipe médicale comprend 2,5 praticiens hospitaliers, 2 internes, une astreinte médicale opérationnelle et 3 vacations de pharmacien ; auxquels s'ajoutent 17,5 infirmiers, 11,5 aides-soignants, 7,5 agents hospitaliers et une assistante sociale à mi-temps.
« Sensibilisés à la pratique médico-légale et donc au monde judiciaire, les médecins de l'Ushi ont pour certains déjà participé à l'application de la loi de 1994 par leur travail dans l'unité de consultation et de soins ambulatoires. Aussi, ils voient dans ce dispositif l'occasion de mettre en place une complémentarité professionnelle indispensable à la prise en charge des prisonniers », explique le Dr Patrick Peton, médecin légiste, responsable des services hospitaliers de l'Ushi. « Toute personne détenue soignée en Ushi bénéficie de la même qualité de soins hospitaliers que tout autre patient », insiste-t-on par ailleurs. Le rez-de-chaussée de l'unité est consacré à la partie administrative. Il comprend, en outre, la zone des parloirs avec deux box de visites.
La création de l'Ushi de Nancy a coûté quelque 4,5 millions euros à la Justice et à la Santé, dont un million pour la sécurité. La charge du fonctionnement annuel pour le CHU est de 3,1 millions euros.
En octobre 2004, une deuxième unité entrera en fonction à Lille. Les autres ouvertures s'échelonneront jusqu'en 2007, au rythme de deux par an. Les Ushi, tient à souligner la Chancellerie, font partie d'une politique en faveur des détenus malades, caractérisée notamment par l'amélioration de la prévention du suicide en prison et un meilleur signalement des personnes susceptibles de bénéficier d'une suspension de peine pour raisons médicales.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature