LA POSE d'une aide auditive totalement implantable, réalisée à l'hôpital franco-américain de Paris en fin de semaine dernière, dépasse le stade d'une première française. Elle ouvre la voie à des appareillages (prothèses mais aussi implants cochléaires) dans lesquels l'oreille remplacera très avantageusement le microphone.
Dans cette prothèse (société Envoy), explique le Dr Patrick Aïdan, qui a réalisé l'intervention, le boîtier électronique est implanté dans la mastoïde. De là partent des électrodes. La première est fixée sur l'enclume (grâce à un ciment utilisé en orthopédie) qui reçoit, via le marteau, le signal sonore perçu par le tympan. Il n'y a donc plus besoin de micro. Un signal électrique est alors envoyé au boîtier qui le traite et l'amplifie numériquement. Il repart ensuite, sous forme de vibrations, vers l'étrier qui l'adresse aux voies physiologiques de l'audition.
On comprend que «cet implant d'oreille moyenne, totalement implantable et invisible, est indiqué dans les surdités de perception, moyennes à sévères, sur une oreille saine», explique le Dr Aïdan. La presbyacousie est visée en premier lieu.
Des tests de vibration des osselets.
Les réglages de l'aide auditive sont réalisés, par vibrométrie, au cours de l'intervention, alors que le patient est toujours sous anesthésie générale. Pour les effectuer sur ce patient endormi, l'équipe procède par comparaison. «Avant l'intervention, nous pratiquons des tests de vibration des osselets en utilisant une technologie laser. Puis la même technique est utilisée en cours d'intervention pour s'assurer de la qualité des réglages.» Le patient pourra par la suite utiliser une télécommande pour modifier le volume.
Cet appareillage fonctionne grâce à une pile, dont la durée de vie dépend, bien sûr, de la durée d'utilisation. Si le patient l'éteint la nuit, elle est prévue pour quatre à cinq ans. Mais de nouvelles batteries devraient très bientôt porter cette autonomie à sept ans. Le changement de pile s'effectue sous anesthésie locale au travers d'une petite incision.
Patrick Aïdan prévient qu'il s'agit d'une chirurgie lourde et chère, d'environ 20 000 euros (de l'ordre de la pose d'un implant cochléaire). Elle est donc réservée, pour l'instant, aux échecs de l'appareillage auditif externe classique.
Grâce à cette technologie, le patient peut récupérer de 40 à 80 % de son audition. «Mais, insiste le Dr Aïdan en conclusion, dès lors qu'on n'a plus recours à un microphone, le son est perçu physiologiquement par l'oreille, ce qui apporte plus de finesse et de relief sonores.»
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