« Un lieu où les femmes ne se feraient plus accoucher, mais où elles accoucheraient, elles, et dans un cadre personnalisé, avec un accompagnement approprié et humanisé », explique Brigitte Carenne, présidente de la maison de naissance de Montpellier.
Elle parle de la petite structure de trois chambres, flambant neuve, qui n'attend que l'aval des autorités pour accueillir les futures mamans. Le projet a été mûrement réfléchi. Il s'inspire de ces maisons de naissance qui s'épanouissent ici et là, au Canada, en Europe du Nord ou en Allemagne.
Le principe est d'offrir aux femmes dont la grossesse est sans risque la possibilité d'accoucher dans des conditions moins médicalisées. Elles sont aidées de la sage-femme qui les a suivies pendant toute la grossesse.
L'engagement des sages-femmes
Le projet semblait avoir reçu l'encouragement institutionnel nécessaire à l'ouverture de la maison de Montpellier. La structure, installée à proximité du CHU, doit permettre tout transfert urgent vers le plateau technique en cas de besoin. Car le fonctionnement de la maison de naissance repose uniquement sur des sages-femmes libérales. Et c'est de là sans doute que vient la difficulté. L'autorisation d'ouverture tarde à venir et les attaques frôlent même la diffamation. Les institutionnels se renvoient la balle au mépris de l'engagement de quatre sages-femmes convaincues qu'une forme complémentaire de suivi des grossesses doit être proposée.
Ce type de structure se veut une alternative aux accouchements surmédicalisés, sécuritaires et hautement technologiques, « qui peuvent, il est vrai, convenir à certaines femmes », et dont la France aujourd'hui est devenue la championne. Plaider pour une autre préparation à la maternité et à la paternité, favoriser la relation d'attachement mère-enfant, dont on sait l'importance dans la construction de la personnalité du petit, et accompagner la grossesse psychique et physique de la jeune maman sont les objectifs fondamentaux des sages-femmes de l'équipe. La disponibilité, la volonté de rassurer, l'écoute, l'accessibilité de ces professionnelles de la naissance favorisent une autre manière de mettre son enfant au monde. Le choix de la position d'accouchement, le respect du rythme de la mère et de l'enfant, la non-consommation médicamenteuse peuvent jouer un rôle favorable, comme le montrent des études menées en Allemagne* : moins d'épisiotomies, sans qu'il y ait pour autant d'autres blessures, moins de complications post-partum, moins d'infections et un avenir relationnel parents-enfant bien engagé.
L'équipe de la maison de naissance de Montpellier, devant le silence des autorités, veut briser les résistances et s'interroge sur le manque de capacité de changement dont font preuve certains responsables institutionnels, politiques ou médicaux régionaux et nationaux. « Nous ne lâcherons pas », répètent les sages-femmes, convaincues de l'utilité de leur projet.
* Etude comparative menée dans le Land du Hessen entre le 1/7/1997 et le 31/12/1998 sur 325 femmes accouchant hors clinique et 38 211 en clinique.
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