DE NOMBREUX troubles du sommeil peuvent être associés à des comportements (ou à des sensations) sexuels anormaux, que les Américains nomment le « sleepsex » ou la « sexsomnie ». Ce qui pourrait être facilement tourné en dérision, expliquent Carlos H. Schenck (Minneapolis, Etats-Unis) et coll., constitue en réalité une pathologie. Un trouble qui peut se révéler perturbant pour le patient et pour le couple.
Par une revue de la littérature, les médecins américains ont pu pour la première fois classer, en quatre groupes, les troubles du sommeil associant des comportements ou des sensations à caractère sexuel.
Tout d'abord, au cours de certaines parasomnies peuvent exister des comportements sexuels liés au sommeil : verbalisations sexuellement orientées, masturbation, caresses de l'autre, rapports avec ou sans orgasme, agressivité sexuelle. Il s'agit de réveils dans un état confusionnel, de somnambulisme, de troubles du comportement pendant la phase de mouvements oculaires rapides.
Ensuite, on note des accès de comportements sexuels liés au sommeil : verbalisations, poussées de libido, excitation sexuelle, orgasmes soudains, automatismes sexuels, agressivité sexuelle.
En troisième lieu, des troubles du sommeil peuvent être associés à des comportements sexuels au cours de phases d'éveil ou d'alternance veille-sommeil : le rare syndrome de Kleine-Levin (épisodes d'hypersomnie prolongés) peut être lié à tout type d'excitation et de comportement sexuels ; l'insomnie chronique sévère peut s'accompagner d'une libido exacerbée, d'excitation sexuelle ou de comportements sexuels compulsifs ; au cours du syndrome des jambes sans repos peuvent survenir des épisodes de masturbation ou de mouvements pseudocoïtaux.
Hallunications, orgasmes cataplexiques.
La quatrième catégorie est faite de cas particuliers. Pendant la narcolepsie peuvent exister des hallucinations sexuelles à l'endormissement ou à l'éveil, des orgasmes cataplexiques. Au cours de l'exacerbation pendant le sommeil du syndrome d'excitation sexuelle persistante, on peut constater des sensations sexuelles génitales ou des comportements sexuels. Egalement un trouble du sommeil peut être constitué d'érections douloureuses et d'une intense activité sexuelle. Des troubles dissociatifs peuvent être liés au sommeil (mouvements pelviens ou bien encore scénarios de sévices sexuels). Au cours des troubles nocturnes psychotiques peuvent survenir, après les réveils, des illusions et des hallucinations d'ordre sexuel.
Tous ces comportements souvent dissimulés, insistent les auteurs, justifient une consultation spécialisée. Il s'agit de pathologies à traiter, aux conséquences parfois médicolégales.
« Sleep », 1er juin 2007.
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