UN ESSAI clinique visant à évaluer l'efficacité de la prednisolone dans la prévention des fausses couches à répétition devrait démarrer très prochainement au Royaume-Uni. Les résultats de travaux conduits à l'université de Liverpool indiquent en effet que l'administration de cette hormone stéroïdienne pourrait avoir un effet bénéfique chez certaines femmes qui n'arrivent pas à mener une grossesse à bien. L'hormone agirait en diminuant la quantité d'un type particulier de cellules immunitaires présentes dans l'endomètre, les « natural killers » utérins (NKu).
A l'origine de ce travail, une simple observation : chez certaines femmes consultant à la suite de fausses couches répétées, la concentration des NKu est anormalement élevée. Bien que le rôle de ces cellules immunitaires ne soit pas encore établi et qu'il soit impossible d'affirmer qu'un surplus de NKu est néfaste à l'implantation embryonnaire, de nombreuses équipes de recherche ont fait l'hypothèse que, en trouvant un moyen de normaliser le niveau de NKu chez les femmes sujettes aux fausses couches à répétition, il devrait être possible de leur permettre de mener à terme leurs grossesses.
C'est précisément dans cet esprit que Quenby et coll. ont décidé de tester l'effet de la prednisolone sur des femmes qui avaient déjà subi au moins trois fausses couches. Les chercheurs avaient au préalable établi que les cellules NKu sont sensibles à cette hormone stéroïdienne.
De 14 % à moins de 10 %.
Quenby et coll. ont recruté 110 femmes qui avaient déjà fait six fausses couches en moyenne. Ils ont mesuré la concentration des NKu présents dans leur endomètre et ont retenu pour la suite de l'étude les femmes chez qui la concentration en NKu était anormale, c'est-à-dire supérieure à 5 %. Sur les 33 femmes entrant dans cette catégorie, 29 ont accepté de prendre 20 mg de prednisolone par jour, pendant les 21 premiers jours de leur cycle menstruel. A l'issu de ce traitement, une nouvelle quantification de leur NKu a été réalisée : il est alors apparu que la prednisolone conduit à une diminution significative du nombre de NKu comptés dans l'endomètre de ces femmes. Alors qu'avant le traitement la proportion de NKu mesurée chez les 33 participantes était de 14 % en moyenne, le traitement à la prednisolone fait tomber ce pourcentage en dessous de la barre des 10 %.
Ce résultat est, certes, intéressant, mais personne ne sait aujourd'hui quel impact cette baisse de la concentration en NKu aura sur la fertilité des femmes traitées. C'est pourquoi Quenby et coll. souhaitent rapidement démarrer un essai clinique qui permettra de clarifier la situation en évaluant l'effet de cette hormone sur la prévention des fausses couches.
L'implantation embryonnaire.
Le travail de Quenby et coll. devrait, en outre, relancer les recherches visant à éclaircir le rôle de NKu dans les étapes précoces de la grossesse. Contrairement à ce que leur nom pourrait laisser penser, ces cellules ne semblent pas attaquer l'embryon en cours de formation. En revanche, elles participent certainement aux processus liées à l'implantation embryonnaire. Toutefois, elles ne sont pas indispensables au bon déroulement de ce processus, puisqu'une grossesse peut très bien se dérouler en leur absence.
Informations communiquées au cours de la 21e Conférence de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie, Copenhague.
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