LE CONCEPT D'AUTISME est né au XIXe siècle. La description inaugurale de l'autisme infantile par Kanner en 1943 définit chez de jeunes enfants un trouble affectif du langage et de la relation et souligne la conservation de l'intelligence. Leur repli extrême dès le début de la vie a conduit cet auteur à supposer que ces enfants étaient venus au monde avec une incapacité innée à établir un contact affectif.
Pour Kanner, les parents des enfants autistes étaient obsessionnels, rarement chaleureux, préoccupés de choses abstraites, limités dans l'intérêt porté aux personnes. Pour Bettelheim, s'il fallait rechercher « d'abord une lésion organique », il fallait ensuite penser pour comprendre les troubles présentés par ces enfants « à leur premier environnement ». Il ajoute que « dans chaque cas la reconstruction de l'histoire de l'enfant montrait qu'il y avait une privation affective grave et, plus important encore, un désir chez les parents que l'enfant ne vécût pas ». Des distorsions précoces du lien mère-enfant ont ainsi été évoquées comme à l'origine des perturbations des enfants autistes.
Les facteurs explicatifs ou étiologiques qui rendent compte de la physiopathologie de la maladie restent encore non élucidés, malgré les nombreuses hypothèses émises par divers auteurs. Cette diversité dans les hypothèses rend vraisemblablement compte de l'hétérogénéité clinique de la maladie et de son évolution. Actuellement, les hypothèses étiopathogéniques convergent vers un modèle intégratif, la maladie constituant la voie finale d'une vulnérabilité génétique intriquée à d'autres facteurs, notamment environnementaux. Ces facteurs pourraient exercer leur action pendant l'embryogenèse ou la période périnatale. Des facteurs infectieux pourraient également être impliqués, ainsi que des anomalies neurosynaptiques. L'environnement et l'expérience émotionnelle du nourrisson seraient alors d'autres facteurs susceptibles d'agir sur une vulnérabilité génétique du système nerveux central.
Cliniquement, le dénominateur commun des autismes consiste en un trépied symptomatique accepté par les différents auteurs. Ce trépied est constitué de perturbations des interactions sociales, associées à des perturbations des communications verbales et non verbales et à des comportements répétitifs ritualisés. Les autismes sont considérés comme appartenant au groupe des troubles envahissants du développement. Cette terminologie est commune aux différentes classifications actuelles : classification française des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent, classification internationale des maladies (CIM 10) et quatrième édition de Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM IV). Comme différence entre ces classifications, il faut noter que dans la CIM10 ou le DSM IV, l'accent est mis sur les symptômes extérieurs observables alors que dans la classification française des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent, qui retient la notion de psychoses infantiles précoces (définies comme des troubles précoces de la personnalité), l'accent est mis moins sur les symptômes que sur les mécanismes psychopathologiques, c'est-à-dire l'angoisse et ses mécanisme de défense, ou les modalités de relation au monde.
Ces différences de concepts se traduisent par des conceptions différentes des prises en charge. En utilisant le concept des troubles envahissants du développement, la plupart des auteurs insistent sur les anomalies de la maturation cérébrale et les déficits sensoriels, langagiers et cognitifs. Les troubles se traduisent par un handicap que des mesures éducatives doivent combattre. Les psychoses infantiles, présentées comme un trouble de la personnalité, sont considérées comme un processus psychique marqué par une angoisse et une rupture avec la réalité, relevant de mesures psychothérapeutiques. En tout état de cause, les classifications favorisent le consensus diagnostique et rendent plus aisées les comparaisons des études cliniques entre elles. En revanche, elles ne rendent pas compte du caractère dimensionnel des perturbations et la distinction avec les syndromes caractérisés par au moins un des troubles du trépied autistique classique est difficile. Enfin, ces classifications ne prennent pas en compte les aspects développementaux de l'enfant.
Un diagnostic précoce, une prise en charge personnalisée.
Le délai entre le moment où les parents font la démarche de consulter un professionnel de santé, le plus souvent médecin généraliste ou pédiatre, et le moment où les difficultés présentées sont intégrées dans un trouble du développement nécessitant une prise en charge immédiate, est le plus souvent important. Or la précocité des soins atténue l'intensité du syndrome, et minimise ses conséquences sur le développement de l'enfant et sur la qualité des interactions familiales. Des recommandations sur le dépistage, le diagnostic et l'évaluation des autismes sont actuellement en cours de mise en place par un comité pluridisciplinaire.
De nombreuses méthodes thérapeutiques ou éducatives sont utilisées. Elles ont pour objectif d'améliorer la qualité de vie des sujets autistes sans avoir apporter toute la preuve de leur efficacité. Ces méthodes recouvrent des modalités et des approches variées qui ont toutes à leur crédit des améliorations observées dans des cas cliniques publiés, mais dont la validation scientifique reste à déterminer. Une étude multicentrique est actuellement menée avec les centre de ressources autisme de Lyon, de Tours, de Brest et de Montpellier. Cette étude, coordonnée par le Pr Charles Aussilloux, vise à évaluer dans des conditions méthodologiques très strictes, l'effet de la durée hebdomadaire sur le développement psychologique de jeunes enfants atteints d'autisme.
(1)D'après un entretien avec le Dr Amaria Baghdadli, centre de ressources autisme du Languedoc-Roussillon, CHU Montpellier.
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