N ON. C'est non. En grève depuis trois semaines, les sages-femmes ont refusé les offres que leur faisait le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner. Elles ont reconduit leur mouvement et organisent aujourd'hui une « Journée sans sages-femmes ».
Entre huit heures ce matin et huit heures demain matin, les sages-femmes sont invitées par leur coordination nationale à ne pas travailler du tout en cliniques privées et à réduire au maximum leur activité à l'hôpital public, compte tenu des assignations. A midi, un cortège partira à Paris de la place Denfert-Rochereau pour se rendre à l'hôtel Matignon. Là, les sages-femmes espèrent bien être reçues en délégation par le Premier ministre, Lionel Jospin. Que lui diront-elles ? Que les propositions que leur fait le gouvernement en matière salariale cristallisent leur mécontentement. Au point d'éclipser les concessions qui leur ont été faites dans les domaines de leur formation (1) ou des effectifs. Au point aussi de renforcer la détermination des maïeuticiennes en colère. « Un deuxième souffle vient de prendre dans ce mouvement », analyse Chantal Birman, responsable de la coordination.
Les promesses d'augmentation faites par Bernard Kouchner aux sages-femmes (800 F de plus en début de carrière à l'hôpital public, des hausses de salaires à négocier dans les cliniques grâce à l'enveloppe de 100 millions de francs dévolue pour 2001 à la gynécologie obstétrique du secteur privé) sont jugées « floues » ou « insuffisantes ».
De multiples soutiens
Récoltant les soutiens à tour de bras - le Pr Jean-François Mattéi, président du groupe Démocratie libérale à l'Assemblée nationale, la CFTC, le Syndicat national des praticiens hospitaliers de centre hospitalier général (SNPH-CHG) sont les derniers à être montés au créneau - les sages-femmes, qui ne sont que 14 000 en exercice, occupent désormais une place de choix sur le terrain social. Lionel Jospin, qui a reçu lundi en urgence Bernard Kouchner pour évoquer ce dossier, va devoir se montrer convaincant s'il veut calmer le jeu cet après-midi.
(1) Une erreur s'est glissée à ce propos dans notre édition du 9 avril : les sages-femmes, qui ont le droit de prescrire, sont déjà une profession médicale et non pas paramédicale.
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