LA NATURE de la porte d'entrée utilisée par les virus de la grippe pour infecter les cellules humaines se précise : une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology vient en effet de découvrir une caractéristique importante des récepteurs cellulaires qui permettent aux virus influenza A de s'arrimer et de pénétrer dans les cellules humaines. Cette découverte pourrait se révéler particulièrement utile aux équipes de scientifiques chargées de surveiller l'évolution du virus aviaire H5N1 : pour que la transmission interhumaine du virus devienne possible, il faudra en effet que le H5N1 acquiert la clé permettant d'ouvrir cette porte.
Les virus de la grippe interagissent avec les cellules animales grâce à leur hémagglutinine. Cette protéine virale constitue la clé qui leur permet d'infecter les cellules. Les virus aviaires possèdent une clé capable d'interagir avec un type particulier de récepteur, des chaînes sucres associées à de l'acide sialique par le biais d'une liaison chimique alpha2-3. Les virus humains ont une clé différente, capable d'interagir avec des chaînes sucres, elles aussi associées à de l'acide sialique, mais par le biais d'une liaison alpha2-6.
Interagir avec les bons récepteurs.
Les récepteurs alpha2-6 sont retrouvés à la surface des cellules des voies respiratoires supérieures des humains, alors que les récepteurs alpha2-3 sont assez rarement présents sur ces cellules. En conséquence, il était jusqu'ici admis que, pour qu'un virus aviaire devienne hautement infectieux pour l'homme, il fallait que son hémagglutinine mute de façon à pouvoir interagir avec les récepteurs alpha2-6.
Cependant, il a été récemment rapporté que certaines souches de virus aviaire devenues à même de se fixer aux récepteurs alpha2-6 ne sont pas pour autant facilement transmissibles à l'homme.
Chandrasekaran et coll. ont recherché une explication à ce phénomène en étudiant de manière approfondie les molécules retrouvées à la surface des cellules humaines et susceptibles d'interagir avec l'hémagglutinine des virus de la grippe.
Des cônes et des parapluies.
Ce travail les a conduits à l'identification de deux sous-catégories de récepteurs alpha2-6 : les récepteurs du premier groupe sont assez courts et ont la forme de cône. Ceux du second groupe sont beaucoup plus longs et ressemblent à des parapluies.
Les chercheurs ont ensuite démontré que les virus capables d'infecter les cellules humaines et de se transmettre efficacement d'un homme à l'autre sont ceux qui possèdent une hémagglutinine affine pour les récepteurs en parapluie. Les virus aviaires capables de se fixer à des récepteurs alpha2-6, mais qui ne sont pas pour autant véritablement infectieux pour l'homme, ont une hémagglutinine qui n'interagit qu'avec les récepteurs en cône.
Cette découverte devrait conduire à la mise au point de nouveaux outils de criblage qui permettront d'identifier rapidement les souches virales dangereuses pour l'homme. Elle pourrait aussi entraîner le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblant spécifiquement l'interaction entre l'hémagglutinine et les récepteurs en parapluie.
Chandrasekaran A et coll. « Nature Biotechnology », édition en ligne avancée du 6 janvier 2008.
H5N1 cause trois nouveaux décès en Egypte
La semaine dernière, trois Egyptiennes sont décédées des suites d'une infection par le virus H5N1. Toutes avaient été en contact avec de la volaille infectée avant l'apparition de leurs symptômes.
La première, âgée de 25 ans, vivait dans le district de Dekerns (gouvernorat de Daqahliyah). Ses symptômes sont apparus le 26 décembre. Elle a été hospitalisée le 27 et est décédée le 30.
Le seconde, âgée de 36 ans, vivait dans le district de Menof (gouvernorat de Menofia). Ses symptômes sont également apparus le 26 décembre. Hospitalisée le 29, elle est décédée le 31. Un autre cas a été signalé le 28 décembre dans le même gouvernorat, celui d'une jeune femme de 22 ans, marchande de volailles. La jeune femme a été hospitalisée le 26 décembre et semblait en voie de guérison le 28. Il semble qu'il n'existe aucun lien entre ces deux cas.
Le troisième décès, rapporté la semaine dernière par les autorités égyptiennes, est celui d'une femme âgée de 50 ans vivant dans le gouvernorat de Domiatt. Elle a été hospitalisée le 26 décembre et est décédée le 31 décembre.
Sur les 43 cas d'infection humaine par le virus H5N1 jusqu'à présent confirmés en Egypte, 19 ont été mortels.
Source : OMS.
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