« La pollution de l'air et l'exercice physique en extérieur pourraient contribuer au développement de l'asthme chez l'enfant », concluent Mc Connel et coll. (Los Angeles) au terme de leur travail publié dans le « Lancet ».
Cette équipe californienne a évalué chez des enfants âgés de 9 à 16 ans l'association entre la pratique d'un sport d'équipe (base-ball, volley-ball...) et le développement de l'asthme en fonction du degré d'imprégnation de l'air en différents polluants : l'ozone, des particules de calibre supérieur à 10 μm, du dioxyde d'azote (NO2) et des vapeurs d'acide inorganique.
Un questionnaire sur les activités sportives
Pour cela, 3 535 enfants sans antécédents d'asthme ont été suivis pendant cinq ans, dans 12 communautés californiennes sélectionnées par l'équipe, pour faire une discrimination précise selon les polluants et leur niveau d'imprégnation de l'air (élevé ou bas).
Un premier diagnostic d'asthme a été porté pendant ce laps de temps chez 265 enfants de la cohorte. A l'aide d'un questionnaire détaillant les activités sportives et le temps passé en extérieur, on a calculé le risque d'asthme.
Seulement dans les zones à concentration d'ozone élevée apparaît un effet significatif. Il s'agit de l'association avec une augmentation des nouveaux diagnostics d'asthme chez les jeunes sportifs. Dans ces endroits, le risque relatif du développement de l'affection respiratoire est de 3,3 chez les enfants pratiquant un sport d'équipe (par comparaison avec les enfants ne pratiquant pas de sport). De même, dans ces zones également, le temps passé à l'extérieur est associé à une plus forte incidence de l'asthme.
En revanche, dans les zones à faible concentration d'ozone, ni la pratique du sport ni le temps passé dehors n'ont provoqué de variation significative du nombre des diagnostics. L'effet des particules indésirables ou des polluants n'est pas apparu significatif dans l'étude. Toutefois, comme le présence d'ozone est indicatrice des autres types de pollution, les auteurs préfèrent globaliser leur résultat en parlant de pollution en général. La présence d'autres polluants que ceux faisant l'objet de l'étude n'est, selon eux, pas à négliger.
Des études transversales chez des athlètes adultes ont montré une prévalence élevée d'asthme, de bronchospasme induit par l'exercice ou d'hyperréactivité bronchique.
On sait que les personnes pratiquant la compétition sur de longues distances, les coureurs de vitesse et les nageurs (en particulier les sujets atopiques) ont une prévalence élevée d'asthme. Mais le rôle de l'atopie dans l'asthme induit par le sport demeure peu clair.
Inhaler de plus fortes doses de polluants
« Les personnes pratiquant un exercice physique à l'extérieur doivent inhaler de plus fortes doses de polluants externes que les autres. »
Par ailleurs, précisent les auteurs, l'asthme d'effort ne peut à lui seul fournir une explication des résultats, car son déclenchement n'est observé que dans les communautés polluées.
Un exercice intense multiplie la ventilation par un facteur 17. L'accélération de la ventilation et la respiration orale peuvent avoir déplacé la capture de l'ozone vers des régions plus distales des voies aériennes, augmentant les effets physiques du gaz ambiant. Le dépôt de l'ozone se fait dans des régions pulmonaires, dans lesquelles les travaux chez l'animal ont montré les effets physiopathologiques les plus importants.
Ces résultats devraient susciter l'attention des praticiens, soulignent les auteurs.
« Lancet », vol. 359, 2 février 2002, pp. 386-391.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature