Un constat est à la base d'un travail sino-américian publié dans « Environmental Health » : la mortalité due au SRAS à Pékin et Tianjin (au Nord de la Chine) a été respectivement de 7,66 et 8 %, alors qu'à Guandong, dans le sud du pays, ce taux était de 3,84 %. Si l'on considère que les conditions sont similaires dans ces deux régions (sex-ratio, âge, niveau socio-économique, accès au traitement), Yan Cui (Los Angeles) et coll. suggèrent que la pollution atmosphérique pourrait expliquer un tel écart.
Les épidémiologistes ont sélectionné cinq régions où le nombre de cas de SRAS dépassait 100 (Guandong, Shanxi, Hebei, Pékin et Tianjin). Ils y ont relevé les indices de pollution atmosphérique en avril et mai 2003 (respectivement 75, 95, 98, 99 et 104), puis les ont confrontés aux taux de mortalité locaux dus au SRAS (respectivement 3,84 %, 5,36 %, 5,58 %, 7,66 % et 8 %).
Les particules de moins de 10 μ
L'analyse statistique de cette étude sur l'exposition à court terme montre que les sujets vivant dans des régions à taux de pollution modéré ont un risque majoré de 84 % de mourir d'un SRAS, par rapport à ceux résidant dans des régions faiblement polluées. Le risque est doublé entre les régions fortement polluées et celles à indice bas. En se penchant plus spécifiquement sur les cinq polluants atmosphériques majeurs (particules de moins de 10 μ, dioxyde de soufre, dioxyde d'azote, ozone et monoxyde de carbone), il apparaît que les particules représentent le polluant le plus important des régions étudiées. Des travaux américains antérieurs ont calculé que pour chaque augmentation de 10 μg/m3 de particule inférieures à 10μ la mortalité cardiopulmonaire augmente de 6 %.
L'explication biologique pourrait se trouver dans une altération de la fonction pulmonaire due à une exposition plus ou moins prolongée aux polluants atmosphériques. La pollution a d'ailleurs été incriminée dans certaines inflammations des voies respiratoires, l'asthme ou la BPCO. Cette pollution pourrait fragiliser l'épithélium respiratoire, conduisant les patients à des troubles sévères et à un risque accru de décès.
Des facteurs d'erreur possibles
De fait, ce genre d'étude écologique est victime de biais que les auteurs relèvent. Tout d'abord la nature même du travail est sujette à des erreurs d'ordre écologique. Ensuite, il n'a pas été possible de corréler les données de pollution de l'air à des facteurs d'erreur possibles tels que le tabagisme, l'âge, le sexe ou les conditions socio-économiques. Il est vraisemblable aussi que l'accès aux soins n'a pas été similaire dans les cinq régions étudiées ; toutefois, la mortalité à été la plus élevée à Pékin, où l'accès aux soins était le meilleur. Dernière cause d'erreur potentielle, les auteurs ont considéré que la pollution était répartie également dans chaque région. Des imprécisions dans les relevés locaux peuvent avoir conduit à une mauvaise classification des expositions.
Malgré ces quelques remarques, les auteurs concluent qu'il s'agit de « la première observation montrant que la pollution atmosphérique est associée à une augmentation de la mortalité due au SRAS dans la population chinoise. Elle mérite des recherches complémentaires et peut avoir un certain impact sur l'étude de l'histoire naturelle du SRAS ».
« Environmental Health », 20 novembre 2003.
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