LA POLLUTION de l'air pourrait déclencher et accélérer le processus de sténose carotidienne, selon un travail présenté au congrès de l'American Heart Association à La Nouvelle Orléans. Nino Kuenzli et coll. (Los Angeles) sont partis du constat que les populations résidant dans les milieux les plus pollués ont une mortalité plus précoce d'origine cardio-vasculaire. La cause n'en est pas précisément connue, mais l'équipe a pu établir un lien entre la pollution et la survenue des premières étapes de l'athérosclérose.
Les médecins californiens ont analysé les données de deux essais cliniques regroupant 798 sujets de 40 ans et plus. Tous résidaient dans la région de Los Angeles. Ces travaux évaluaient notamment l'épaisseur de la paroi carotidienne, ainsi que le rapport intima-media. Les chercheurs ont ensuite estimé le niveau de microparticules de 2,5 μg, ou moins (Diesel, sidérurgie...) dans l'air ambiant, selon la résidence des participants. Les concentrations se sont établies dans une fourchette allant de 5,2 à 26,9 μg/m3.
La juxtaposition de ces données à celle des variations des épaisseurs carotidiennes montre que pour toute augmentation de 10 μg/m3 des microparticules, le rapport intima-media augmente de 5,9 %. Des facteurs correctifs ont été appliqués en fonction de l'âge, de critères socio-démographiques du style de vie (y compris tabagismes actif et passif), ainsi que de facteurs physiologiques. Cet ajustement établit une augmentation du rapport intima-media de 3,9 à 4,3 % pour chaque élévation de 10 μg/m3.
Excès de molécules oxydantes.
Une explication est proposée. La pollution produit un excès de molécules oxydantes, responsables de phénomènes inflammatoires, tant au niveau respiratoire que vasculaire. Cet état d'inflammation chronique subclinique peut être impliqué dans l'atteinte des parois vasculaire. N. Kuenzli suggère même que certaines particules se frayent un chemin jusque dans le sang et le cerveau.
Les effets délétères de la pollution ont été les plus marqués chez les femmes âgées. Les sténoses artérielles ont été constatées le plus souvent chez les sujets à risque cardio-vasculaire. Toutefois, les auteurs reconnaissent que ces derniers points ne peuvent être affirmés avec certitude, en raison du nombre insuffisant de sujets enrôlés. D'autre part, les travaux n'étaient pas dédiés à une telle évaluation et certaines disparités pourraient être aussi le fait des méthodes d'estimation des concentrations microparticulaires.
« En raison de la place prépondérantes des maladies cardio-vasculaires dans les décès et des vastes populations exposées aux microparticules de 2,5 μg, aux niveaux observés dans cette étude, ces données méritent d'être vérifiées. Les implications sur la santé publique pourraient être immenses », conclut le médecin américain.
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