LES SOCIALISTES ont raison : les élections régionales seront, cette année en tout cas, des élections politiques et non locales. Thèse avec laquelle Alain Juppé lui-même, sinon Jean-Pierre Raffarin, est d'accord. De toute façon, dès lors qu'un mouvement veut « politiser » un scrutin, on peut considérer qu'il y soit parvenu, car le discours qu'il emploie est adapté à l'ambition qu'il affiche.
Une étape suffisante pour un premier bilan.
En même temps, la majorité ne doit pas se cramponner à l'idée que les régionales ne peuvent être que des élections locales. Il est vrai que les électeurs veulent savoir avant tout ce que l'on va faire pour leur région, donc pour améliorer leur qualité de vie. Mais le gouvernement doit montrer qu'il ne craint pas l'affrontement politique. Deux années de gouvernement constituent une étape suffisante pour dresser un premier bilan ; l'équipe au pouvoir doit se montrer sûre d'elle ; et de toute façon, tout est politique : le vote, les réformes, les choix et décisions, fussent-ils ceux d'un microcosme local.
On aura noté en tout cas que, joignant la parole aux intentions, les socialistes se livrent à une attaque en règle contre le gouvernement, allant jusqu'à affirmer, comme l'a fait Laurent Fabius, que M. Raffarin a lancé la plus grande « régression sociale » depuis 1945. Les socialistes n'épargnent pas non plus l'UDF dont ils ne distinguent pas la spécificité qu'elle revendique et qu'ils décrivent comme une alliée déguisée de l'UMP. C'est l'heure du tout ou rien : la droite, c'est la droite, elle est incurable et la France doit changer de cap idéologique.
Encore faudra-t-il que les Français suivent le PS dans cette démarche : il est vrai que dans un récent sondage, une majorité d'électeurs déclarent qu'ils veulent sanctionner la majorité. C'est probablement ce qui pousse le PS à attaquer la droite avec une telle vivacité. Mais, d'une part, si la gauche fait un score médiocre, la droite pourra lui dire qu'elle a perdu sur le terrain sur lequel elle s'est-elle même engagée ; d'autre part, le PS a des problèmes avec des Verts décidément très récalcitrants et des communistes toujours très affaiblis.
Pas un mot sur l'extrême droite.
Enfin, la gauche ne semble pas prêter attention au danger le plus immédiat et le plus grave, la poussée attendue et redoutée du Front national en Paca. Elle peut bien critiquer l'UDF, il demeure que, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, le parti de François Bayrou a passé un accord avec l'UMP pour faire barrage au FN. (Ce que les deux partis de droite n'ont pas fait en Ile-de-France, où ils ne craignent pas le FN, mais où leur concurrence peut les affaiblir face à la gauche.)
LA GAUCHE NE SEMBLE PAS ATTACHER D'IMPORTANCE À UNE POUSSEE REDOUTEE DU FN
En Paca, les socialistes sont-ils prêts à se désister au second tour en faveur de la droite parlementaire ? Ils répondent en affirmant que la gauche est mieux placée que la droite au premier tour.
On verra bien. Mais politiser les régionales à tout va, cela ne veut pas dire non plus que le gouvernement cessera de fonctionner si les résultats lui sont défavorables. Le vrai rendez-vous politique n'aura lieu qu'en 2007.
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