« LA PREVENTION repose sur la diffusion de l'information concernant les risques, a fortiori quand il est pratiqué par des amateurs inexpérimentés. »
Les cracheurs de feu utilisent le plus souvent du kerdane, un mélange d'hydrocarbures polycycliques et saturés dérivés du pétrole. L'inhalation accidentelle est à l'origine de manifestations décrites sous le nom de pneumopathie des « cracheurs de feu ». Elle appartient aux pneumopathies pétroliques (liées à l'inhalation d'hydrocarbures volatiles, comme le kérosène, le mazout et le gasoil).
Les huit cas décrits par les équipes de trois services de pneumologie de la région Champagne-Ardenne (Reims, Châlons-en-Champagne et Epernay) sont survenus chez des amateurs, qui, à la différence des professionnels, prennent dans leur bouche une quantité de kerdane trop importante pour être vaporisée en une seule expiration forcée. Il en persiste dans la bouche une certaine quantité qui est inhalée. Il s'agit de patients jeunes (âge moyen de 23 ans).
Présentation pseudo-infectieuse.
Chez les 8 patients hospitalisés, la symptomatologie clinique est survenue précocement, entre une et quarante-huit heures après l'inhalation. La présentation a été dans tous les cas pseudo-infectieuse : fièvre supérieure à 38°5, des douleurs thoraciques intenses, une toux non productive, une dyspnée dans trois cas. Trois patients ont eu des hémoptysies. Des manifestations extrarespiratoires ont pu être associées, à type de myalgies, de troubles digestifs (nausées vomissements, douleurs abdominales).
Des anomalies auscultatoires ont été trouvées chez 5 patients : râles crépitants aux bases pulmonaires, râles bronchiques, diminution du murmure vésiculaire.
Les anomalies radiologiques sont apparues dès les premiers jours : opacités alvéolaires et présence d'une pleurésie chez 4 patients.
Un syndrome inflammatoire franc a été observé chez 6 patients, une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles chez tous.
L'exploration fonctionnelle respiratoire effectuée chez 6 patients a objectivé soit un syndrome obstructif, soit un syndrome restrictif, soit un syndrome mixte.
Tous les patients ont reçu une antibiothérapie : amoxicilline + acide clavulanique le plus souvent, ou pristinamycine ou télithromycine. Ils ont aussi eu un traitement antalgique et une kinésithérapie respiratoire. Deux d'entre eux ont eu une corticothérapie générale.
Amélioration radiologique tardive.
L'évolution a été favorable dans tous les cas, avec un délai de résolution clinique variant de 2 à 21 jours (10 jours en moyenne). L'amélioration radiologique a été plus tardive, survenant entre 23 et 90 jours. Deux patients ont eu des complications à type de pneumatocèle (cavité aérique pulmonaire) apparue à 7 et à 10 jours.
L'amélioration la plus lente a été observée chez le patient qui a eu la présentation initiale la plus sévère : insuffisance respiratoire avec une PO2 à 55 mmHg, une atteinte alvéolaire bilatérale étendue, une pleurésie, une surinfection à streptocoques bêta-hémolytiques et une cytolyse hépatique.
Deux patients ont été suivis à trois mois, ils n'avaient plus aucune symptomatologie clinique et une radiographie du thorax normale. Aucun suivi n'a été réalisé après trois mois. La comparaison avec la littérature montre une description similaire concernant la présentation, l'évolution et les traitements.
« Aucune évolution vers une hperréactivité bronchique de type syndrome de Brooks n'a été rapportée dans la littérature. »
G. Deslee, F. Menivale, S. Dury, D. Perdu, M.-C. Quinquenelle, P. Betbeze, B. Mouchet, S. Hirshi et F. Lebargy. « La Presse médicale », 3 décembre 2005, tome 34, n° 21, pp. 1629-1633.
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